Ah! les vacances! Enfin du temps pour se reposer, souffler, relaxer, croyez-vous? Erreur! Un Québécois sur deux avoue revenir épuisé de ses deux semaines estivales de congé. Essoufflé, éreinté. Bref, pas du tout ressourcé. Bonne nouvelle, cher vacancier cerné: ça se soigne!

Après avoir écrit un Éloge de la lenteur, semé les graines du mouvement Slow et éveillé la planète entière aux bienfaits de souffler un peu, d'en faire moins mais mieux, voilà que l'auteur canadien Carl Honoré propose un nouveau concept: les vacances Slow.

 

Pendant une semaine, en octobre, l'homme que Newsweek a baptisé «le porte-parole international du loisir», animera une première expérience du genre: une retraite Slow dans une ferme du XVIIe siècle, Pian di Castillo, en Ombrie, au coeur de l'Italie, a-t-il annoncé quand nous l'avons joint à Londres, où il habite.

Au programme, du plaisir, bien sûr, mais dans des choses toutes simples: promenades; cueillette de champignons, et pourquoi pas d'olives; courses au marché local; cuisine traditionnelle italienne et dégustation de bons vins du coin. En prime, discussions et débats sur la manière de faire les choses plus simplement et pourquoi.

«Les vacances devraient être, par excellence, le moment de se débrancher. Mais nous avons le même virus de l'hyperactivité pendant nos vacances qu'au travail, dénonce-t-il. Même quand on quitte le bureau pour un nouveau milieu, on y arrive avec le même esprit, le même métronome intérieur.»

Du coup, en vacances, les gens se sentent «obligés» de courir. Un récent sondage Angus Reid révèle que 49% des Québécois reviennent encore plus fatigués de leurs vacances, à cause, entre autres, d'un horaire trop chargé. «On voit les vacances comme un moment pour faire, au lieu d'un moment pour être. Quand on a un moment sans distraction, sans tâche, on sent un grand stress, le stress du temps perdu.»

Du coup, les vacanciers bourrent leur agenda d'activités. Jean-Luc Beauchemin, directeur de l'Association des agents de voyages du Québec, peut en témoigner. Au cours du dernier mois, plusieurs clients ont acheté des billets pour Las Vegas, les prix étant particulièrement intéressants. «Ils voulaient aller voir le Cirque du Soleil, faire une randonnée pédestre près du Grand Canyon, une mini-croisière sur le Colorado, tout ça en trois jours! dit-il. Je pense que les gens vivent leurs vacances au même rythme qu'ils travaillent: en accéléré, surchargés.»

Mais il n'est pas nécessaire d'agir ainsi. Pour vivre ses vacances plus lentement, Carl Honoré suggère quelques pistes: réduire le nombre d'activités (au lieu d'en faire plus, essayer d'en faire moins: en plus d'être reposant, c'est économique!); se trouver un passe-temps slow (tricot, yoga, jardinage); marcher (pas rapides, mais bien tranquilles); enlever sa montre; méditer et, pourquoi pas, carrément se débrancher.

«C'est certain que prendre ses courriels ou regarder son BlackBerry tous les jours, ce n'est pas se donner des conditions gagnantes pour décrocher en vacances», convient Éric Tremblay, psychologue industriel chez André Filion&Associés. Encore faut-il décrocher véritablement, sans tomber dans le piège inverse: se surcharger d'obligations familiales autres. «On est dans une société de performance, dit-il. Du coup, en vacances, on veut être un super parent, et ça non plus, ça n'est pas reposant», prévient-il.

Inutile, donc, de se fendre en quatre pour faire plaisir à tout le monde, promettre ceci aux enfants, cela aux grands-parents, afin de rattraper le temps perdu pendant l'année (elle aussi, surchargée d'activités). Solution? S'écouter, conclut le psychologue. Oui, faire plaisir aux autres, mais aussi à soi. «Cela éviterait bien des problèmes d'épuisement...»

Pour en savoir plus:

Carl Honoré: www.carlhonore.com

Pian di Castillo: www.italian-holidays-ltd.com

 

Des vacances épuisantes en chiffres

En moyenne, les Québécois prendront 2,5 semaines de vacances cet été;

12% n'en prendront pas.

22% prendront une semaine ou moins.

49% des Québécois reviennent encore plus fatigués de leurs vacances.

38% disent souffrir d'un manque de vacances.

28% ont du mal à se détacher du stress lié à leur travail.

20% consultent les courriels liés au travail pendant leurs vacances.

17% ont déjà annulé des projets de vacances à cause du travail.

Sources: sondages Angus Reid, Harris/Decima, CROP-CRHA