Les adolescentes de la région n'échappent pas à la folie de l'extrême minceur. Même lorsqu'elles présentent un poids santé, elles veulent maigrir et n'hésitent pas à requérir à des moyens drastiques pour tenter d'atteindre leur objectif.

Voilà l'un des constats qui se dégagent d'une imposante étude réalisée par le Groupe d'études et des conditions de vie et des besoins de la population (ÉCOBES). Les chercheurs ont questionné 337 jeunes du Saguenay-Lac-Saint-Jean, garçons et filles, à trois temps de leur adolescence, soit à 14, 16 et 18 ans (entre 2002 et 2006) afin d'en apprendre davantage sur leur satisfaction à l'égard de leur image corporelle et de leur estime de soi.

 

Concernant les filles et ce qu'elles pensent de leur apparence physique, les résultats sont inquiétants: elles tendent à vouloir être de plus en plus minces, quitte à risquer d'hypothéquer leur santé.

Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs ont présenté aux participants une image représentant neuf silhouettes et leur ont demandé d'identifier celle qui correspond le mieux à leur physique et celle à laquelle ils aimeraient ressembler. Il est bon de noter que les images du centre (4, 5 et 6) sont celles qui correspondent à un poids santé, selon l'indice de masse corporelle (IMC), même si cette échelle ne peut être utilisée pour des adolescents en pleine croissance. Les filles qui déclarent une silhouette entre 4 et 6, et elles sont nombreuses (on parle de 60% des participantes de 18 ans), souhaitent être plus minces.

Plus précisément, 64% des répondantes disent qu'elles souhaitent maigrir contre 24% qui se disent satisfaites de leur silhouette. Plus frappant encore, les pourcentages de jeunes filles déclarant des silhouettes de poids santé mais qui souhaitent maigrir sont de plus de 65%, atteignant même 97,3% pour la silhouette 6.

«On voit donc que la quasi-totalité des filles qui arborait des silhouettes de 2 et plus souhaitent mincir. On peut même penser que s'il y a avait eu une silhouette 0, celles qui sont à l'échelle 1, qui est pourtant une extrême maigreur, l'auraient choisie», avance l'une des auteures de la recherche, Jacinthe Dion.

Les résultats montrent également que les jeunes filles insatisfaites de leur silhouette à 14 ans le sont généralement encore à 18 ans, surtout si elles ont tenté de perdre du poids. Et elles sont nombreuses à avoir fait diverses tentatives: dans les six mois précédant la collecte de données, plus de la moitié des participantes ont posé des actions dans le but d'atteindre cet objectif . Près de 90% ont diminué le sucre et le gras, 49% se sont entraînés de façon intensive, alors que 45% ont sauté des repas et 22% sont allés jusqu'à ne pas manger durant toute une journée. Sans compter celles qui ont eu recours aux coupe-faim (5,8%), aux laxatifs (4%) ou qui se sont fait vomir (2,8%).

Apparence générale

Les chercheurs ont également voulu en savoir davantage sur la perception des jeunes par rapport à leur apparence générale. Dans une proportion de 38%, les filles se disent satisfaites de leur apparence physique et 58% de leur corps. Le chiffre le plus étonnant est celui de la satisfaction par rapport à leur look vestimentaire, qui grimpe à 88%.

«Le look est quelque chose que l'on peut contrôler plus facilement», explique la chercheuse Marie-Ève Blackburn.