Après avoir semé la panique en Europe, des sofas contaminés chinois commencent à faire des victimes au Canada. Des consommateurs qui ont subi d'importantes lésions cutanées après avoir acheté un fauteuil chinois ont récemment contacté Santé Canada pour semer l'alerte, a appris La Presse.

Le Montréalais Sylvain Céré est du nombre. Ce résidant du quartier Rosemont a acheté un sofa et une causeuse en cuir fabriqués en Chine il y a cinq semaines. Au bout de quelques jours, M. Céré a vu sa peau virer au rouge. «C'est comme si j'avais eu un coup de soleil partout sur le corps, dit-il. Ça me piquait.»

Une plaque rouge-brun de la grosseur d'une main et causant d'intenses démangeaisons est aussi apparue sur la jambe de sa conjointe. «Sa jambe semblait enflée. Et elle avait des boutons partout sur le corps», raconte M. Céré.

Au départ, le couple ne comprenait pas ce qui se passait. «On n'avait pas changé notre savon ni notre détersif, dit-il. La seule nouveauté dans notre vie, c'était nos sofas.»

Avant d'aller voir un médecin, le couple a consulté l'internet. «On est rapidement tombés sur des articles européens et un article de La Presse sur les sofas contaminés de Chine», témoigne M. Céré.

Au cours des derniers mois, l'histoire des sofas contaminés a fait beaucoup de bruit en Europe. Des canapés fabriqués en Chine étaient au coeur de la controverse. Pour prévenir la moisissure durant le transport de ses fauteuils, le commerçant chinois Linkwise a introduit des sachets de diméthylfumarate, une poudre blanche, dans ses sofas.

Quand le diméthylfumarate se réchauffe, il libère un gaz toxique qui cause des démangeaisons ou des lésions cutanées chez certaines personnes. D'autres éprouvent des problèmes respiratoires.

En Europe, des milliers de consommateurs ont été touchés par la crise. Le distributeur français Conformama a rappelé plus de 38 000 sofas.

Le Canada aussi touché

Quand il a réalisé que ses démangeaisons pouvaient être causées par des sofas contaminés, M. Céré a appelé Santé Canada. «On m'a dit que d'autres cas semblables avaient été déclarés au Canada, surtout en Ontario. Santé Canada a dit qu'un comité chargé de suivre la situation a été mis sur pied, affirme M. Céré. On nous a demandé de donner le numéro de série et le modèle de nos sofas.»

Santé Canada reconnaît qu'un «petit nombre d'incidents impliquent des allergies dermatologiques, et des meubles ont été rapportés». «Même si ces meubles proviennent de Chine, Santé Canada doit encore enquêter pour établir hors de tout doute les liens entre ces incidents », écrit l'organisme, qui dit «poursuivre ses enquêtes».

En attendant, M. Céré et sa conjointe n'utilisent plus leurs sofas. «Ça va mieux. Mais on doit passer des prises de sang et rencontrer des dermatologues», dit-il.

Pour M. Céré, il est important que les citoyens sachent que des fauteuils contaminés au diméthylfumarate circulent au pays. «Parce que, ne le sachant pas, on peu traîner une réaction allergique pendant des mois. En Europe, des gens ont souffert pendant plus d'un an avant de savoir que leurs problèmes venaient de leur sofa», dit M. Céré.

La crise des sofas contaminés n'a pas fini de faire jaser en Europe. En Angleterre, des milliers de consommateurs ont intenté un recours collectif contre les magasins Argos, Land of Leather et Walsmley. Plus de 10 millions de livres (19 millions CAN) pourraient être versés en compensations dans ce qui est qualifié de «plus important recours collectif impliquant un produit de consommation de l'histoire d'Angleterre».

Un recours collectif d'une centaine de personnes a aussi été lancé en France en mars dernier.