Les patients de cet hôpital ambulant se pressent avant l'aube pour consulter médecin ou dentiste: ils sont pauvres, sans couverture médicale, comme 45 millions d'Américains, et le bus de la clinique gratuite «Mission of Mercy» est leur seul espoir de soins.

Beaucoup n'ont pas vu de médecins depuis des années ou ne sont plus suivis pour leurs maladies chroniques. Aucun d'entre eux n'a d'autre solution pour se faire soigner.

Plus de 45 millions d'Américains seraient dépourvus de couverture médicale, selon une statistique communément citée. Un Américain sur trois âgé de moins de 65 ans, soit 86,7 millions de personnes, a été privé à un moment ou à un autre de couverture médicale au cours des deux dernières années, selon une étude de l'organisation à but non lucratif Families USA, début mars.

«Avec la crise, le chômage, nous avons vu le nombre de nos patients augmenter», explique Gianna Talone-Sullivan, fondatrice il y a 15 ans de cette organisation catholique financée uniquement par des dons.

Le gouvernement fournit une aide médicale aux plus pauvres et aux personnes âgées et la moitié des Américains ont des assurances maladies payées par leurs employeurs. Mais «beaucoup ne rentrent pas dans ces cases,» relève-t-elle. «Ils gagnent trop pour avoir droit à l'assistance médicale et pas assez pour se payer une assurance maladie».

Chaque lundi matin, le bus de Mme Talone-Sullivan, chargé d'équipement médical, part d'une église de Frederick, dans le Maryland.

Un groupe de bénévoles et de personnel rémunéré fournit des soins, y compris dentaires, à quelque 150 personnes par jour.

Le bus se déplace dans huit autres endroits du Maryland et l'organisation compte 650 bénévoles en tout dans cinq États.

Ces cliniques itinérantes sont assez fréquentes dans les régions rurales du pays. Elles sont en général gratuites mais font parfois payer un peu les patients, selon leurs revenus.

Mme Talone-Sullivan n'a pas voulu d'aide du gouvernement, assujettie aux ressources des patients. «Nous ne voulions pas que les gens aient à prouver leur pauvreté,» explique-t-elle.

Dora Andrade, 25 ans et mère de deux enfants, souffre depuis des années de terribles migraines. Elle travaille chez McDonalds et n'a pas d'assurance maladie. «Si j'allais à l'hôpital», commence-t-elle en riant à cette idée saugrenue, «cela coûterait des milliers de dollars, pas des centaines, des milliers», poursuit-elle.

Après des heures d'attente et une consultation avec un médecin bénévole, la jeune femme repart rassurée, si ce n'est guérie, avec deux sortes de médicaments, obtenus gratuitement. Diagnostic: ce sont bien des migraines, selon le Dr Michael Sullivan. Mais, par précaution, il lui prescrit aussi un scanner du cerveau qui ne lui coûtera rien non plus grâce à un accord entre Mission of Mercy et un hôpital local.

«Je ne crois pas que notre exemple puisse être reproduit partout (...), les besoins sont trop grands,» estime le Dr Sullivan. «Ceux qui viennent ici, ajoute-t-il, ont souvent des problèmes médicaux non traités, faute d'un endroit où se faire soigner».