Les adolescents des quartiers pauvres risquent quatre fois plus de se suicider que ceux des quartiers riches, selon une nouvelle étude de l'Université de Montréal. Et ce, indépendamment des revenus et des aléas conjugaux de leur famille.

«On savait déjà que suicide et pauvreté étaient liés. Mais nous avons découvert que la pauvreté générale d'un quartier est un facteur de risque en soi», a souligné Véronique Dupéré, l'auteure principale de l'article publié dans la revue Psychological Medicine.

 

Après une première analyse de l'échantillon, compilé par Statistique Canada, Mme Dupéré a calculé un risque de suicide quatre fois plus élevé chez les adolescents des quartiers pauvres. Elle a ensuite vérifié si ce risque s'expliquait par divers facteurs, comme le revenu familial, une famille recomposée, la dépression chez la mère, de l'hyperactivité ou de l'anxiété, ou le fait de connaître une personne qui s'était suicidée.

À sa grande surprise, le risque est resté quatre fois plus élevé. «Le quartier lui-même a un effet néfaste. Les adolescents des quartiers pauvres ne vivent pas plus d'événements difficiles, comme une rupture amoureuse ou un problème à l'école ou au travail. Mais le suicide leur apparaît plus facilement comme une stratégie pour faire face à cet événement difficile. Il se pourrait que les quartiers pauvres offrent moins de soutien pour s'éloigner de l'idée du suicide. Peut-être que les ressources sociales des quartiers riches, dans les écoles ou dans les cercles de parents et amis, sont plus étendues», a ajouté la chercheuse.

Un autre détail renforce cette hypothèse. Le risque d'avoir des idées suicidaires n'est que deux fois plus élevé dans les quartiers pauvres.

La psychologue montréalaise estime qu'il serait souhaitable d'offrir des programmes de prévention du suicide plus étendus dans les quartiers pauvres, afin de compenser la faiblesse des ressources sociales. Elle pense qu'il faudrait aussi faire des entrevues plus approfondies avec des adolescents de quartiers pauvres pour valider l'hypothèse du soutien social. L'échantillon qu'elle a utilisé comprenait 2800 adolescents de partout au pays, dont le quart étaient pauvres.