C'est le designer d'intérieur Zébulon Perron, un des grands chouchous de la restauration montréalaise actuelle, qui m'a parlé le premier de ce restaurant de Laval.

Un lieu qu'on lui avait demandé de réaménager pour évoquer un passé pas si lointain où on allait sur les berges de la rivière des Mille Îles sans se prendre dans les bouchons, pour respirer de l'air, frais, se balader en bateau. Bref, m'a-t-il expliqué, un restaurant qui parlerait de la proximité des rives et de l'eau avec juste assez de nostalgie et d'esprit campagnard. Un «Boating Club» comme dans l'ancien temps, comme on les aime maintenant.

Il n'en fallait pas plus pour piquer ma curiosité et me propulser sur la 15 Nord dans une voiture remplie d'ados affamés, pour essayer le brunch en terrasse, un des plans recherchés pour l'été. J'avais cru comprendre, en lisant le menu, que les jeunes estomacs sans fond y trouveraient leur compte. Ce fut le cas. Ce que ce restaurant manque en délicatesse, il le compense en générosité et en simplicité. Difficile d'en repartir sans le sourire, plus que repu.

Aménagé, donc, par Perron, le Boating Club est un lieu soigné. La terrasse de bois est grande et on prête des couvertures quand le temps rafraîchit. D'un côté, il y a un brasero autour duquel on se rassemble par les nuits plus fraîches pour prendre un verre al fresco. À l'intérieur, les références aux bateaux sont multiples, rames, gravures, canoë suspendu, clins d'oeil nautiques variés.

Évidemment, comme il fait beau, on s'installe dehors et on plonge dans le menu du brunch. Arrivent des verres de jus d'orange qu'on aurait voulu frais pressé et qui ne l'est pas du tout. Non seulement sort-il évidemment d'un carton, mais il a aussi été trop dilué. Les jeunes font la moue.

Mais on garde le moral et on fait bien, parce que le bol de yaourt qui arrive ensuite, servi à tout le monde, avec des granolas, du miel et des fraises fraîches, est tout à fait délicieux. On se dit que l'on aurait aimé aussi avec du sirop d'érable à la place du miel. Mais ça, c'est juste une idée.

Parmi les ados, il y en a un qui a vraiment beaucoup d'appétit et qui choisit la poutine bénédictine, qui est aussi riche que son nom le suggère. Imaginez: oeufs pochés, pommes de terre rattes rôties, saucisse, cheddar de l'Île-aux-Grues, poireaux et sauce hollandaise, cette richissime émulsion au beurre. Même le jeune finit par capituler avant de voir le fond du plat. Ouf. C'est très bon, conclut-il, mais c'est vraiment très bourratif.

De l'autre côté de la table, on prend une autre approche et on opte plutôt pour l'assiette de feta importée de Grèce, servie avec un toast de pain au levain tout simplement garni d'avocat écrasé, un oeuf poché et des tomates en grappes confites au four. Le plat n'a rien de compliqué et est essentiellement un assemblage, mais les produits sont bons et on finit le repas le coeur léger.

La frittata, elle, est costaude et copieusement gratinée au gruyère et cuite dans une poêle de fonte avec vin blanc, lardons, oignons, épinards.

En fait, tout est solide dans ce menu. Le croissant? On le sert avec des oeufs, du jambon, du bacon... des fraises fraîches aussi, qui réussissent malgré tout à apporter un peu de fraîcheur.

On ne va pas bruncher au Boating Club quand on n'a pas beaucoup faim. Même le plat de «pancakes» pour enfants, à la banane, couvert de caramel et de crème fraîche, est vraiment très généreux.

Était-ce vraiment nécessaire, comme on l'a fait, de commander des extras de jambon ou de bacon, en morceaux énormes? Pas vraiment. Certainement pas en été quand il fait chaud.

Pour boire avec tout ça, on peut commander des cocktails variés, des bulles, du vin très correctement choisi, du café qui est peut-être bio mais mal préparé, mal torréfié, faiblard. Comme pour le jus d'orange, il faudra peut-être un peu ajuster.

Le Boating Club

30, boulevard Curé-Labelle

Laval

450 937-3353

> Prix: Les assiettes du brunch, entre 13$ et 20$, incluent café, jus, yaourt.

> Carte des vins: Jolie carte soigneusement montée, surprenante, aux prix très variés.

> Style: Restaurant indépendant inattendu et fort intéressant, dans une banlieue où les options autres que les succursales de grandes chaînes sont souvent trop rares. Aménagement signé Zebulon Perron, le même qui a conçu l'intérieur d'Impasto, Gema, Léa, le Rouge Gorge, etc. Cuisine rustique costaude, incluant huîtres, charcuteries, nombreux plats de viande et brunch copieux.

> Service: Gentil, efficace.

(+) La terrasse et la cuisine honnête

(-) Le café, le jus d'orange et autres détails à peaufiner.

On y retourne? Si on est à Laval, bien sûr.