Il y a deux restaurants Mercuri. À la même adresse.

Il y a une table chic, dont l'entrée est à droite en haut de l'escalier principal quand on entre dans ce joli lieu du Faubourg des Récollets, rue Wellington. On y propose des menus gastronomiques dans une atmosphère feutrée.

Et si on continue tout droit, on tombe dans le bistrot, beaucoup plus relax.

Là, l'atmosphère est vivante, voire une touche bruyante, et des écrans de télévision permettent aux convives de regarder le hockey. D'un côté, on prépare des grillades au-dessus d'un immense feu de bois qui donne au lieu une atmosphère chaleureuse, appréciée en hiver. Des murs de brique encadrent un grand espace où l'on combine tables hautes avec tabourets et tables traditionnelles.

C'est de cette table-là que j'ai envie de vous parler.

Non pas que le Mercuri chic ne mérite pas qu'on s'y attarde. On y reviendra, car le chef Joe Mercuri (oui, celui qui nous a tant ravis à l'époque au Brontë), le cousin de Michele Mercuri, du Serpent, y prépare une cuisine exceptionnelle.

Mais en plein mois de janvier à Montréal, c'est un feu de cheminée que je cherchais. Et je l'ai trouvé dans ce bar-resto sympathique, où l'on mange une cuisine italienne pas toujours totalement orthodoxe (et pas non plus donnée), mais franchement savoureuse.

En entrée, par exemple, le ragoût de champignons variés, onctueux, boisé, rempli de shiitakes, de pleurotes du panicaut et de pieds de mouton sautés pour qu'ils restent juste assez fermes, est ponctué de bacon, mais aussi de bette à carde hachée finement, histoire de donner avec justesse une touche d'amertume. Le tout est servi dans un jus légèrement arrondi dans un esprit demi-glace et coiffé de strecchino, un fromage blanc doux un peu élastique, italien. On a un peu l'impression de manger seulement la sauce du plat de penne aux champignons sauvages, sans les pâtes, et c'est fort bien ainsi.

Les choux de Bruxelles, eux, arrivent à table grillés, avec de la pancetta, mais aussi des petits grains de popcorn épicés, qui ajoutent une touche de croquant au plat de légumes.

Le prosciutto maison? On le sert avec de la pommade de poire, un peu de yogourt acidulé et des graines de pavot. Je ne suis pas certaine que cette combinaison soit la meilleure façon de charpenter le goût du jambon, qui est très doux, mais l'idée de travailler un peu la charcuterie est intéressante.

En plat principal, il faut en outre absolument goûter au cerf de Boileau, que l'on sert très saignant et qui s'avère divinement tendre. Presque fondant en bouche. Quelle viande exceptionnelle. Il arrive à table avec des brocolis chinois qui évoquent les rapinis, du chou-fleur grillé, de petites pommes de terre grelots et des pleurotes. Une belle variété de légumes cuits al dente et savoureux. Dommage que la sauce barbecue qui accompagne la viande soit si sucrée.

Au dessert, les «trous de beigne» au whisky sont costauds, denses, immenses. On est loin du format des grandes chaînes. Une glace au whisky et une sauce au caramel les accompagnent mais ne réussissent pas à donner au dessert la finesse qu'on espère après un repas si réconfortant.

Mercuri

645, rue Wellington, Montréal

514 394-3444

mercurimontreal.com

> Prix: Entrées: de 12$ à 23$ ; plats de 24$ à 36$ ; desserts de 8$ à 15$.

> Carte de vins: Assez solide. Plusieurs crus moins connus, intéressants, qui valent la peine d'être découverts si on pose des questions.

> Service: Efficace et convivial, accueil chaleureux

> Décor: On aime les murs de brique, le feu de cheminée, l'espace.

(+) L'atmosphère très relax, chaleureuse, parfaite pour la saison froide

(-) Des prix pas toujours allégés

On y retourne? C'est déjà fait.