La nouvelle pizzeria de Stefano Faita et Michele Forgione, ceux qui ont ouvert l'adorable Impasto il y a deux ans, a peut-être quelques défauts. Son principal ? Ne pas être dans mon quartier. Ou le vôtre. Parce qu'on aimerait tous avoir une pizzeria comme celle-là à deux pas de la maison. Pour y manger vite fait bien fait un petit mardi soir, pour y traîner un vendredi, pour y rencontrer des amis et prendre un verre de bière ou de rouge en saluant les maîtres des lieux en arrivant, à l'italienne. Pour y manger, à prix abordable, de la cuisine simple mais bien faite, comme si on y était un peu chez soi.

Dans la série des découvertes chouettes de l'été, ce Gema est bien haut sur la liste.

Installé à l'angle des rues Dante et Saint-Dominique, le restaurant est en face d'Impasto, son grand frère, et de la Quincaillerie Dante, le commerce où Stefano Faita a commencé en affaires, aux côtés de sa mère Elena, aussi propriétaire d'une école de cuisine qui a pignon sur rue à côté.

Gema est situé dans un local autrefois occupé par un bar. Zébulon Perron l'a réaménagé en retirant le gypse qui couvrait les murs pour mettre au jour des panneaux de bois de différentes teintes - on peut tenter d'imaginer leur histoire et l'évolution du lieu - qu'on a tout simplement vernis. Dans la pièce principale, un bar accueille quelques tabourets. Des tables et des chaises de métal sont alignées le long d'une banquette, simple, rustique. Un éclairage un peu industriel ajoute une touche contemporaine. Sur la façade qui donne rue Saint-Dominique, une fenêtre permet aux passants d'acheter directement des glaces.

Le menu n'est pas très long. Des antipasti très classiques. Des pizzas.

Mais tout est simplement bon, sans faux pas. Mis à part les calamars frits, qui ne nous ont pas épatés. (Je dis nous, car nous y sommes allés en famille, avec tout plein d'ados, parce que c'est exactement un lieu où aller avec eux.)

En entrée, par exemple, la salade du jour, une composition d'aubergines grillées avec fleur d'ail, fenouil finement tranché, cresson et radis, s'est imposée par sa fraîcheur et la justesse de la rencontre entre les textures et le côté plus ou moins gras ou poivré des différents légumes. Les boulettes, ces polpette populaires dans les trattorias d'ici, se sont montrées légères et savoureusement simples dans leur coulis de tomates.

Côté pizzas, on en a essayé plusieurs très variées, certaines totalement traditionnelles, d'autres plus nord-américaines et baroques, comme cette pizza « mexicaine » combinant coriandre, oignons marinés, un peu de crème sure, porc effiloché... Le tout sur une pâte cuite au four à bois, à la fois moelleuse à l'intérieur et croustillante à l'extérieur. Pas ma préférée, mais les amateurs de cuisine hybride, riche et relevée autour de la table ont adoré. Personnellement, j'ai davantage apprécié une version plus « française » de la fameuse croûte garnie italienne - on dirait presque une tarte flambée à l'alsacienne -, avec tombée de poireaux et jambon confit. Doucement automnal et savoureux, même si on est bien loin de Naples avec tout ça.

Pour les puristes, il y a la classique margherita, avec mozzarella fior di latte, basilic et tomate, ou encore une version avec saucisson maison, juste bien salée et savoureuse. On peut même aller jusqu'à commander la pizza avec tomates, saucisses et rapini, une combinaison de saison en ce mois de septembre frisquet. On aime la légère amertume qui évoque doucement le raifort de la verdure, la résistance sous la dent de la saucisse, la pointe d'acidité de la sauce tomate maison... Et surtout, encore et toujours, cette croûte bien structurée, peut-être pas encore tout à fait aussi napolitaine que celle de chez Bottega - à mon goût, il y a un léger manque de volume sur le pourtour, pour bien marquer le contraste entre l'intérieur moelleux et l'extérieur bien croquant de la croûte -, mais bien croustillante et remplie de ce goût de blé grillé fondamental, qui rend heureux.

Pour le dessert, on se compose un sundae à l'italienne, en choisissant des glaces molles riches et soyeuses faites avec de la crème anglaise glacée - chocolat ou vanille - que le restaurant tient à appeler « costarde » et non crème glacée ou gelato.

On garnit le tout de cerises, de noisettes façon « Baci », de sauce au chocolat ou au caramel, bref, de sucreries ludiques évoquant l'enfance et complétant sans prétention ce repas qui est finalement un rappel réconfortant de la place qu'a prise et que prendra toujours la cuisine italienne dans nos traditions nord-américaines et nos souvenirs à nous aussi.

6827, rue Saint-Dominique

Montréal

514 419-4448

+++

Prix : Une dizaine de dollars pour les entrées. Une quinzaine pour la pizza. Entre 3 $ et 5,50 $ pour les glaces.

Carte des vins : Beaucoup de bons vins italiens à prix raisonnables. Excellent rapport qualité-prix.

Service : Très sympathique, rapide.

Style : Pizzeria de quartier à la déco rustique et simplissime, mais charmante, abordable, où l'on débarque sans réservation. Pas compliqué.

Plus : L'excellent rapport qualité-prix et la convivialité de toute l'expérience.

Moins : Un petit peu de travail à faire sur la pâte ? (Il faut bien trouver un petit défaut.)

On y retourne ? Bien sûr, d'ailleurs c'est déjà fait.

Photo tirée d'Instagram

La pizzeria Gema vue par Elvio Galasso (@elviog), sur Instagram.