Le rayon masculin des parfums s'est considérablement enrichi au fil des ans. Entre les déclinaisons en bouteille des grandes marques de prêt-à-porter, les unisexes, les sports, les boisés, les épicés, les floraux, il est parfois très difficile de se décider. Dans l'impasse? La Presse+ a compilé l'expérience de plusieurs spécialistes dans le domaine pour en tirer toute l'essence.

Commençons par une révélation fracassante: le parfum pour homme n'existe pas. L'eau de Cologne, l'eau de toilette et quelques rares eaux de parfums masculines sont, aujourd'hui, ce qu'on désigne en fait sous le nom générique de parfum pour homme. Comment les différencier? Rien de plus simple grâce à Hélène Côté, conseillère en parfum pour Jo Malone chez Holt Renfrew, qui a plus de 25 ans d'expérience: «La Cologne contient très peu de principes odorants (3 à 5%), dans un grand volume d'alcool. L'eau de toilette en contient de 5 à 10% et l'eau de parfum de 10 à 15%. Bien qu'on assiste au retour des Cologne, le marché masculin est quasiment exclusivement composé d'eau de toilette.»

Comment faire alors pour choisir cette eau de toilette en gentleman averti? «Inutile de tout de suite sentir tous les parfums en boutique, confie l'experte. D'abord, on jase. J'essaye de savoir si j'ai en face de moi un homme sportif ou quelqu'un qui aime sortir, une personne plutôt classique ou un homme qui aime la nouveauté...»

Une fois le portrait dessiné vient le moment des premiers essais sur les bandelettes-tests. Mais attention, si vous avez un coup de coeur pour une fragrance, il reste l'étape la plus importante, le test sur la peau. «C'est le plus important, car le parfum va réagir différemment sur chaque type de peau, explique Mme Côté. Il faut donc s'assurer que la combinaison est gagnante.»

C'est souvent une fois ce test passé que la plus grave erreur est commise. «Les hommes sont souvent impulsifs dans leur façon d'acheter un parfum, poursuit l'experte. Or, il s'agit d'une composition complexe, qui va changer dans la première demi-heure.» Il faut donc faire preuve de patience et attendre que les notes de fond, la structure profonde de la fragrance, se révèlent.

Sortir de sa zone de confort

Choisir un parfum, c'est aussi garder l'esprit ouvert, soutient Mélody Francoeur, conseillère parfums pour Thierry Mugler. «Les hommes arrivent souvent avec une idée très précise de ce qu'ils veulent, ou plutôt de ce qu'ils ne veulent pas, soit bien souvent un parfum floral, qu'ils associent à des notes plus féminines», explique-t-elle. Surprise ! Plusieurs nouveautés contiennent justement des essences de fleurs. «Une fois qu'on parvient à sortir certains hommes de leur zone de confort, ils découvrent qu'un parfum est avant tout une émotion et qu'il faut savoir se laisser aller», résume la spécialiste.

Oui, parfum et émotion sont intimement liés. Il ne s'agit pas ici que d'une belle image poétique, mais tout simplement d'un fait scientifiquement prouvé. «Le parfum et les odeurs en général provoquent quelque chose de très particulier sur le cerveau, explique le Dr Johannes Frasnelli, chercheur en neurosciences à l'hôpital du Sacré-Coeur. Le signal sensoriel n'est, en effet, pas traité comme d'habitude par le thalamus, la partie la plus analytique, mais directement dans la région du cerveau qui est le berceau de l'émotion et de la mémoire.» En d'autres termes, un parfum bien choisi provoquera des réactions quasi irrépressibles, rien de moins.

«On choisit son parfum pour souligner des propriétés que l'on veut s'approprier, poursuit le scientifique. On se révèle ainsi un peu soi-même.» Ce vocabulaire serait aussi varié que le nombre de messages que l'on veut faire passer. Il n'existerait donc aucune senteur magique? Aucun effluve ensorcelant à tout coup? Pas si sûr. Car, comme le confie le scientifique, certaines études ont montré des résultats étonnants. «Tout cela est bien sûr à prendre avec certaines précautions, mais nous avons déjà constaté que de fortes concentrations de bois de Santal, un composé que l'on retrouve dans certains parfums, provoquent une réponse très particulière, notamment chez les sujets féminins, explique le chercheur. Cette odeur serait en effet directement traitée par l'hypothalamus, le lieu de régulation du système hormonal.»

Oui, le parfum mérite d'être choisi avec soin.