Il faut le savoir. Car rien, dans la vitrine du petit salon de beauté Tami, avenue Duluth, ne laisse deviner que les poissons sont ici d'originaux petits employés.

J'étais d'ailleurs venue l'an dernier, sans jamais m'en douter. À la vue des deux beaux aquariums, jamais au grand jamais je n'ai pensé qu'ils pouvaient servir à autre chose qu'à décorer. Pourtant, une dizaine d'habitués et de curieux viennent ici chaque semaine.

 

La semaine dernière, j'étais avisée. Préparée. Du moins mentalement. Peut-on vraiment se préparer à se faire dévorer, de son plein gré, les petites peaux des pieds?

Alors un conseil: si jamais il vous prend l'envie d'essayer, allez-y accompagné. Pas parce que vous aurez besoin de soutien (n'exagérons rien), mais parce que vous aurez l'air moins... fou!

«Les 10 premières secondes, j'étais hystérique!» m'a confié une cliente (il faut dire que c'est le genre d'expérience qui porte tout naturellement aux confidences...). Disons que moi, j'ai été «hystérique» 10 fois plus longtemps. Toute seule et vulnérable, les deux pieds dans l'eau. La honte...

D'abord, il faut dire que j'ai hésité longtemps avant de plonger mes pieds. Un, deux, trois, on y va! Non, pas encore. Un, deux, trois, cette fois, c'est la bonne! J'ai retenu ma respiration et, bien honnêtement, je crois que j'ai été crispée pendant un bon quart d'heure. Crispée, les yeux fixés à ma montre, incapable de regarder mes pieds se faire ainsi dévorer par les poissons. S'cusez-la, c'est viscéral.

La sensation? Un petit picotement. Sans plus. Rien de désagréable. Un petit massage plutôt sympathique, finalement. Mais c'est la rationalisation de la chose qui est dérangeante.

Et puis quand il a fallu sortir les pieds de l'aquarium, alors que je me détendais enfin un brin, re-stress. Et si les bêtes restaient accrochées? J'ai donné deux bonnes secousses (toujours en regardant ailleurs) et j'ai sorti les pieds. Indemnes. Ouf.

Savez-vous quoi? Le soin des pieds qui a suivi n'a jamais été aussi court, doux et reposant...