Du poivre du Sichuan à effet lifting aux solvants réputés propres, en passant par les multiples ressources des algues, la cosmétologie veut jouer la carte du naturel et du développement durable, ont montré des chercheurs lors du congrès de recherche Cosm'innov.

Contraintes réglementaires et arguments marketing obligent, actifs végétaux et chimie verte ont été en bonne place pour la 2e édition de ce congrès qui réunissait mardi et mercredi à Orléans, au coeur de la Cosmetic Valley, chercheurs et industriels internationaux.

Le piment est venu de la présentation par Christian Artaria, directeur marketing du laboratoire Indena (Italie) de travaux sur une substance qui fait la spécificité du poivre de Sichuan (Zanthoxylum piperitum).

Cette épice est communément employée dans la gastronomie chinoise et japonaise. Elle laisse sur la langue des sensations de picotements et de fourmillements, «des sensations de type électrique comme quand on met une pile sur la langue», a indiqué Christian Artaria. Un phénomène qui «n'a rien à voir avec le goût ni l'odorat», mais qui est dû «à une activation chimique de récepteurs», attribuée à une substance particulière, l'alpha-hydroxy-sanshool.

Cette substance bloquerait temporairement la transmission neuromusculaire. Elle a des effets apaisants après des teintures capillaires ou anti-démangeaison après des piqûres de moustiques.

Indena table aussi, dans le domaine cosmétique, sur «un effet lifting immédiat». «L'hypothèse d'un effet de réduction des rides est en cours de validation», a précisé Christian Artaria.

Vassilios Roussis (université d'Athènes) a pour sa part expliqué comment la cosmétologie pouvait tirer profit des propriétés de certaines algues, malmenées par les éléments naturels comme peut l'être la peau par les agressions extérieures, dont les rayonnements du soleil.

Le Codium tomentosum, par exemple, se retrouve parfois hors d'eau, piégé par la marée. Pour survivre dans un environnement difficile, il a développé des mécanismes qui lui confèrent des propriétés de protection de la peau, d'hydratation.

Les extraits de Laminaria ochroleuca, qu'on trouve à la surface de l'eau en Bretagne, possèdent des qualités anti-inflammatoires et anti-oxydantes.

«Les organismes marins font partie des produits naturels les plus adaptés pour protéger des rayonnements UV, et sont bien meilleurs que les écrans solaires synthétiques», a affirmé le chercheur.

Pour la chimiste Chantal Larpent (Institut Lavoisier, université de Versailles), l'utilisation de produits naturels n'est qu'un des aspects de la préoccupation environnementale.

Se pose aussi la question des processus chimiques mis en oeuvre, par exemple pour préparer les principes actifs utilisés en pharmacie ou en cosmétique, et des déchets qu'ils génèrent.

Cette spécialiste, qui préfèrerait parler de «chimie blanche», plutôt que de «chimie verte», terme couramment employé pour désigner des procédés davantage respectueux de l'environnent, a expliqué «qu'on peut faire de la chimie dans l'eau». En utilisant l'eau, «qui n'est pas toxique, ne pose pas de problème d'élimination», comme solvant à la place de certains solvants artificiels.

De son côté, la Cosmetic Valley, partenaire du congrès, a lancé un projet visant à développer des formules nouvelles à partir d'extraits végétaux provenant de Guyane. Elle veut aussi, «sur la base de partenariats solides», recenser la «cosmétopée» (les remèdes naturels à usage cosmétique) dans plusieurs pays, dont la Colombie, a indiqué à l'AFP son directeur général Jean-Luc Ansel.