Québec a son château et maintenant son parfum. Six mois à peine après l'ouverture de sa chic parfumerie montréalaise, le créateur olfactif Claude André Hébert annonce le lancement d'une eau de parfum baptisée Québec afin de souligner le 400e de la ville.

Claude André Hébert est tombé dans la potion parfumée avant même d'avoir atteint l'âge de 20 ans. Après avoir fait ses classes pendant près de deux décennies avec plusieurs marques de parfums dont Aramis et Angel par Thierry Mugler, il s'est lassé de la parfumerie de masse qui, selon lui, distille à bon marché un savoir-faire ancestral. Il rêvait d'un retour à la parfumerie de luxe, un projet qu'il a fait sien avec l'ouverture de sa propre adresse à Montréal au début de l'année.

Après avoir récemment lancé une douzaine de parfums, dont Africa, Bali, Amazone, Milan et Bombay, ne manquait plus que Québec pour compléter l'univers du parfumeur. Joint à sa luxueuse boutique de l'avenue Laurier, M. Hébert n'est pas peu fier de son nouvel élixir. «C'est presque un parfum royal à cause du prestige de ses ingrédients. Entre notamment dans sa composition l'absolu rosacé, une essence de rose de première qualité», dit-il. Celui qui proposait déjà des créations exclusives rendant hommage aux cultures des cinq continents se lance cette fois dans un véritable voyage dans le temps. «Ce parfum aurait très bien pu être créé il y a 400 ans tant il fait référence à nos racines, explique-t-il. Je me suis inspiré de Samuel de Champlain pour son côté explorateur, mais je l'ai aussi voulu évocateur de noblesse et de raffinement pour rendre hommage à nos origines françaises. On sent aussi une certaine rondeur, une chaleur en clin d'oeil à la personnalité accueillante des Québécois.»

Composée entre autres ingrédients d'aiguilles de baumier du Canada - chaque parfum signé Claude André Hébert comprend des essences issues du territoire qu'il représente -, de vétiver et d'absolu rosacé, la concoction est capiteuse et puissante. Un unique mélange de notes botaniques et florales, une composition originale, très loin des tendances du marché du parfum commercial. «Je ne vais jamais voir ce qui se fait sur le marché. Je ne veux pas être influencé par les modes éphémères. Je préfère me fier à mon instinct et à mes propres goûts», note l'homme de 38 ans. Alors, un boisé, un hespéridé ou un floral ce nouveau parfum? «Je ne crois pas à ce vocabulaire qui veut catégoriser les parfums en familles olfactives, lance-t-il. Un parfum, ce n'est pas une recette de gâteau. Le pouvoir d'évocation est ce qui caractérise le mieux un parfum.» Dans ce cas-ci, le parfumeur parle à la fois du romantisme et du raffinement que la ville de Québec lui inspire.

Quoique les ingrédients puissent suggérer une fragrance plutôt masculine, le créateur insiste pour parler d'un jus unisexe. Présenté dans un flacon à la goutte - pour préserver la gestuelle, dans la plus pure tradition de la parfumerie française - en verre cristallin de forme carrée auquel est noué un ruban bleu, le parfum est destiné d'abord aux résidants et aux amoureux de Québec. «Je suis toutefois certain que cette création plaira aux touristes désireux de se doter d'un souvenir sophistiqué du 400e. Pour moi, c'est comme un petit Château Frontenac dans une bouteille», dit-il amusé.

Comme pour tous les autres parfums de la collection Claude André Hébert, une portion des profits de la vente de chaque unité sera versée à une bonne cause. «Habituellement, nous donnons des sous à des oeuvres qui luttent contre le VIH/sida. Dans ce cas-ci, 2$ sera prélevé de la vente de chaque parfum dans le but de soutenir des organismes qui viennent en aide aux enfants dans la ville de Québec.»