Après un début de Fashion Week plutôt passe-partout, les créateurs conviés dimanche à New York, de Tory Burch à Prabal Gurung, ont osé le choix des couleurs et annoncent un automne plus flamboyant que d'ordinaire.

Prabal Gurung revient au Népal

Le designer a pris cette saison son inspiration sur sa terre d'origine où il a effectué un séjour récemment.

Il a ainsi joué du sari, de l'ikat (technique de tissage à motifs), du tissu mandala (motifs très denses) ou des motifs Bénarès (imprimés colorés) pour donner le ton de sa collection.

À cela s'ajoute un penchant pour les couleurs vives, qu'il avait déjà laissé entrevoir la saison dernière après de longues années de discrétion.

À l'instar de Kate Spade vendredi, Prabal Gurung ne se contente pas de jouer le monochrome ou le ton sur ton, comme beaucoup, mais tente les mélanges, notamment un ensemble mariant rouge vif, rose tout aussi vif, jaune moutarde et bleu turquoise.

À l'image des hippies qui sillonnaient Katmandou, le créateur a voulu une collection «colorée» et «optimiste», qui soit une invitation au voyage, avec des touches du Paris «glamour» et «exubérant» des années 1970, selon les notes de collection.

Tory Burch: Isabelle Huppert au premier rang

L'une des valeurs sûres de la Semaine new-yorkaise, avec son esprit à la fois chic et dynamique, a présenté sa collection automne/hiver sous les yeux notamment des actrices Naomi Watts et Isabelle Huppert.

L'actrice française tient le rôle principal de la pièce The Mother qui doit se jouer à Manhattan du 20 février au 7 avril.

Pas de tendance flagrante cette saison chez Tory Burch, sinon la volonté de combiner de façon inattendue des classiques, notamment en utilisant des rectangles de différentes couleurs pour former un long manteau de laine et en multipliant les contrastes.

Ici comme chez d'autres les longues jupes plissées sont de retour, les robes en mousseline et... le poncho, très stylisé.

Dans ses notes de collection, la styliste a dit avoir été inspirée par Black Mountain College, une université expérimentale de Caroline du Nord qui, de 1933 à 1957, a fait émerger des talents aussi divers que Willem et Elaine de Kooning,  Merce Cunningham ou Arthur Penn.

Sies Marjan: sous le signe du cristal

Photo ANGELA WEISS, AFP

Zoe Saldana, Naomi Watts et Isabelle Huppert au défilé de Tory Burch.

Le défilé de cette marque de prêt-à-porter de luxe, lancée en 2016 seulement mais déjà une des plus courues de la Semaine new-yorkaise, était placé cette saison sous le signe du cristal. Parterre jonché de millions d'éclats scintillants, et deux tenues créées en collaboration avec le joaillier Swarovski.

Si le directeur créatif néerlandais Sander Lak a indiqué dans ses notes de collection vouloir sortir de sa «zone de comfort», les couleurs vives et les pastels qui ont fait sa réputation n'ont pas disparu, mises en valeur par des tenues souvent monochromes aux formes très fluides, accentuées par des drapés.

LaQuan Smith sur sa planète, sexy

Photo Evan Agostini, archives AP

Le directeur créatif néerlandais Sander Lak

Saison après saison, le créateur noir de New York montre qu'il évolue dans sa propre dimension, loin des codes d'une Fashion Week institutionnelle, parfois un peu aseptisée.

Ses défilés sont bruyants, festifs, et sa mode l'est tout autant, accrocheuse, hypersexuée, avec des mannequins atypiques, qui ont des formes généreuses mais ne sont pas rondes.

Mini-jupes, combinaison léopard transparente, dos nus qui descendent plus bas que de raison, à l'ère du sportswear et du streetwear dominants, LaQuan Smith veut être «le designer chez qui vous allez quand vous voulez retrouver votre côté sexy», a-t-il expliqué à des journalistes après le défilé.

Et l'ère du #metoo n'y change rien, sa femme assume totalement cette hyperséduction.

«Je veux remettre au goût du jour les grandes heures de Thierry Mugler ou Gianni Versace», références de cette mode ouvertement sexy.

Lancement d'une «déclaration des droits des mannequins»

Dimanche, Federico Pignatelli, propriétaire des studios Pier 59, où se tiennent beaucoup de séances photos de la mode new-yorkaise, et lui-même désormais patron d'une agence de mannequins, a profité de la Fashion Week pour lancer un appel à signer une «Déclaration des droits» des mannequins.

Le document engagerait agences et autres professionnels qui les emploient à leur faire signer des contrats «transparents», prévoyant une rémunération juste et régulière, et, pour les mannequins non-américains, des conditions de travail dénuées de toute pression liée à leur visa de travail.

Autant d'engagements qui mettraient les mannequins «en position de force», contribuant du même coup à réduire les possibilités de harcèlement sexuel, dit-il.

Mais M. Pignatelli a lancé cette initiative sans essayer de rallier des organisations professionnelles du secteur comme le CFDA, et il avoue que peu de ses confrères ont manifesté jusqu'ici l'envie de rallier sa «déclaration».

«Il y a de la résistance», dit-il, tout en espérant quand même faire bouger les choses en refusant notamment aux agences les plus récalcitrantes l'accès à ses studios.

Photo ANGELA WEISS, AFP

Mini-jupes, combinaison léopard transparente, dos nus qui descendent plus bas que de raison, à l'ère du sportswear et du streetwear dominants, LaQuan Smith veut être «le designer chez qui vous allez quand vous voulez retrouver votre côté sexy».