Entre des sculptures et céramiques de Miro, dans l'écrin magique de la Fondation Maeght en Provence, Louis Vuitton a présenté lundi soir un défilé prônant les mélanges et l'excentricité.

Après avoir mis le cap sur le Japon l'année dernière, le directeur artistique Nicolas Ghesquière avait choisi de présenter cette collection «croisière», intermédiaire entre deux Fashion Weeks, dans les jardins de la fondation d'art ouverte en 1964 dans le sud-est de la France.

Située à proximité du village perché de Saint-Paul de Vence, fondée par les marchands d'art Aimé et Marguerite Maeght, elle abrite une importante collection de peintures, sculptures et oeuvres graphiques du XXe siècle (Balthus, Bonnard, Braque, Calder, Chagall, Giacometti, Léger...).

«Je voulais rendre hommage à cet endroit, que j'aime beaucoup, et à l'histoire des Maeght», a déclaré à l'AFP Nicolas Ghesquière, à la tête depuis 2013 de la direction artistique de Louis Vuitton, et qui vient de renouveler son contrat avec ce fleuron de LVMH.

«C'est vraiment l'endroit qui représente pour moi la genèse des fondations d'art, c'est une histoire d'amour entre une famille, des artistes, l'architecture», a expliqué le créateur, faisant un lien avec la fondation Louis Vuitton, inaugurée en 2014 au Bois de Boulogne à Paris.

Autre source d'inspiration pour Nicolas Ghesquière: la Britannique Grace Coddington, figure du monde de la mode à la chevelure rousse légendaire, dont il a voulu célébrer «l'excentricité».

Cette même crinière flamboyante est arborée par plusieurs mannequins du défilé, dont les vêtements reflètent l'évolution du style, depuis les années 1970, de l'ex-directrice artistique du Vogue américain.

La collection de 59 silhouettes mêle masculin et féminin, avec des vestons et des vestes prince-de-galles, elle associe les imprimés sans complexe, les pois et les rayures, juxtapose les motifs fleuris.

Les manches sont longues, les épaules souvent marquées, les jupes courtes. Pour marcher sereinement sur le gravier recouvrant le sol du «labyrinthe Miro», pas de talon, mais des cuissardes dotées de semelles épaisses et courbes, qui donnent des airs d'héroïnes de science-fiction.

«L'excentricité, c'est définir sa propre personnalité, c'est mélanger les choses d'une manière unique. Pour moi, Grace représente une forme d'excentricité, avec son style très affirmé», a commenté Nicolas Ghesquière.

Ancien mannequin dans le Londres des «swinging sixties» puis bras droit d'Anna Wintour au Vogue US, Grace Coddington, 77 ans, a créé pour cette collection une ligne d'accessoires sur lesquels ses illustrations de chats et de chiens se mêlent au fameux monogramme.

C'est aussi elle qui inspire la bande-son: des extraits de ses mémoires sont lus par l'actrice Jennifer Connelly, qui faisait partie des célébrités présentes au défilé, aux côtés notamment d'Emma Stone, Isabelle Huppert, Léa Seydoux.