Pour clore la Fashion Week de Milan, les mannequins ont arpenté lundi le parvis du célèbre Duomo de la capitale lombarde, pour un défilé aux accents punk sous les objectifs de touristes étonnés.

Le défilé de la jeune marque Ssheena, qui tire son nom d'une chanson du groupe de rock The Ramones, a commencé de manière classique devant des bloggeurs, des acheteurs et des fans invités à l'intérieur d'un «palazzo» historique.

Mais les mannequins sont ensuite sortis sur le parvis, où ils ont vite été assiégés par les touristes et les curieux qui ont multiplié les photos.

«C'est incroyable! Je n'avais jamais vu un défilé de mode dans la rue», a déclaré Marisa Gonzales, touriste mexicaine de 25 ans. «On peut prendre des photos avec eux, c'est génial».

Ssheena, qui faisait ses débuts au calendrier milanais, a présenté un vestiaire allant du look pyjama en soie à des jupes et des costumes noirs plus serrés.

«Le punk est pour moi comme une âme, pas seulement de la musique», a déclaré à l'AFP la responsable de la création de Ssheena, Sabrina Mandelli. «J'espère que cela se voit dans toutes les tenues».

Les passants ont ainsi pu admirer une veste croisée sur un short, une robe ornée de glands argentés, une série de jambes de pantalon noires s'arrêtant à mi-cuisse... Et une déclinaison de motifs autour du cercle.

Pour Mme Mandelli, il s'agit d'un clin d'oeil à un club lesbien parisien des années 1930, qui s'appelait Le Monocle.

«Et l'idée pour moi maintenant c'est que mes filles aillent s'exprimer sur le parvis de la cathédrale», a-t-elle ajouté en riant.

Le défilé Ssheena était le dernier inscrit au calendrier officiel de la Fashion Week dont le cortège de stars, de fashionistas et d'acheteurs a rendez-vous dès mardi à Paris.

La semaine a vu s'affirmer les grandes maisons italiennes comme Gucci, Prada et Fendi, mais aussi des nouveaux venus comme Luke et Lucie Meier, les nouveaux créateurs de la marque minimaliste Jil Sander.

Elle aura été marquée par Donatella Versace et sa collection inspirée par son frère Gianni, assassiné il y a 20 ans, avec les retrouvailles surprises de top models aujourd'hui quadra ou quinqua comme Cindy Crawford, Naomi Campbell ou Claudia Schiffer - ayant beaucoup travaillé avec le créateur.

La Fashion week en dix touches

Retour aux eighties

Pour Gucci, le styliste italien Alessandro Michele a proposé en ouverture un défilé très «années 80» avec dans sa garde-robe des vêtements «spatiaux» en lurex et lamé, des blazers à damiers, des hauts à manches bouffantes, et des paillettes à foison.

Donatelle Versace a, sans conteste, offert à Milan son moment fort de la semaine avec un défilé hommage à son frère Gianni, fondateur de la griffe assassiné il y 20 ans à Miami.

Avec la présence surprise des supermodels que le styliste avait propulsées sous la lumière dans les années 90: Cindy Crawford, Carla Bruni, Naomi Campbell, Helena Christensen et Claudia Schiffer, toutes quadras ou quinquagénaires aujourd'hui.

Et que ça brille!

La robe moulante et scintillante a été l'une des constantes de la semaine, de Bottega Veneta à Dolce & Gabbana en passant par Salvatore Ferragamo, Versace, Gucci ou Au Jour le Jour.

Le style reptile

Les pythons et les anacondas ont serpenté sur les podiums à travers les imprimés de plusieurs griffes comme Salvatore Ferragamo, Roberto Cavalli, Tod's et Bottega Veneta.

Transparences

Les transparences de tulle ou d'organza étaient aussi de la partie, dissimulant à peine les poitrines quand elles ne se superposaient pas à des matériaux plus solides comme chez Missoni, Dolce & Gabbana, Laura Biagiotti, Jil Sander, Antonio Marras ou encore Les Copains.

Des rayures...

Quant aux rayures, il y en aura pour tous les goûts à la belle saison prochaine: verticales, horizontales ou en angle, elles ont été l'un des traits d'union de ces collections, présentes chez Fendi, Roberto Cavalli, Missoni, Armani, Prada ou Dolce & Gabbana.

...et des plumes

Avec tout ce strass et ces paillettes sur les podiums, il était logique de retrouver aussi les plumes. Vivetta, No.21, Alberta Ferretti, Moschino ont ainsi déployé leurs ailes tout au long de la semaine.

Girl power

Cette Fashion Week aura aussi été un hymne au féminisme pour plusieurs créateurs, au premier rang desquels Miuccia Prada qui a fait défiler ses modèles dans un espace décoré par huit dessinatrices de BD.

«Nous avons fait des progrès mais pas encore assez», a déclaré la styliste qui se dit «troublée par la passivité des jeunes femmes d'aujourd'hui».

À l'air libre

Les traditionnels ateliers plongés dans la pénombre ont servi d'écrin à la plupart des défilés, le tout sur fond de musique techno et - merci Gucci - de machines fumigènes...

Mais certains shows sont sortis du lot en faisant respirer les mannequins à l'air libre.

Roberto Cavalli a ainsi présenté sa collection dans un parc de la ville - sous l'oeil amusé des mamans à poussettes -, Jil Sander's avait choisi un espace tout blanc à ciel ouvert et le jeune label Ssheena le parvis de la cathédrale de Milan, le célèbre Duomo.

Au revoir tristesse

Etre à Milan cette semaine voulait dire oublier les malheurs du monde et les créateurs avaient choisi de ne pas faire référence à l'escalade verbale entre Washington et Pyongyang ou à la récente série meutrière de séismes et d'ouragans qui ont frappé la planète.

L'actualité n'avait tout simplement pas droit de cité. Un mot d'ordre que le patron de la mode italienne, Giorgio Armani, a résumé d'une phrase: «Ce n'est pas parce qu'on vit un moment triste que je dois rendre les femmes tristes sur les podiums».

La vie en rose

Les créateurs ont proposé une profusion de couleurs pour le printemps prochain, déclinées dans une multitude de teintes cette semaine.

S'il fallait en retenir une, ce serait le rose qui était présent sur les palettes de Versace, Gucci, Moschino, Bottega Veneta, Marni et MSGM.