D'habitude, c'est lorsqu'il prépare ses défilés que le créateur Louis Verdad a du mal à dormir. Mais ces derniers temps, l'élection de Donald Trump lui a aussi donné des insomnies, dit-il.

«Je suis né à Chicago mais j'ai grandi et passé toute ma vie au Mexique, avec des parents qui sont du Mexique. Je ne peux pas changer la nature de mon sang», a déclaré dimanche soir à l'AFP ce designer de 36 ans, en marge de la Semaine de la mode new-yorkaise.

Verdad, qui a débuté en faisant des robes de débutantes pour les jeunes filles hispaniques d'Atlanta, est devenu célèbre en 2003 grâce au complet porté par Madonna pour la cérémonie des récompenses de la chaîne musicale MTV, qui avait donné lieu au fameux baiser sur la bouche avec Britney Spears.

Depuis, le créateur mexicain, aux créations sensuelles sans être outrageusement sexy, a habillé des vedettes comme Christina Aguilera, Milla Jovovich, Eva Longoria, Paula Abdul, Cher, Oprah Winfrey, Paris Hilton ou Cate Blanchett. Et il est maintenant comme un poisson dans l'eau dans le monde glamour de la mode, à New York comme à Los Angeles où il est basé.

Mais les temps sont durs pour les Mexicains aux États-Unis, y compris pour Verdad, détenteur d'un passeport américain.

Après de violentes diatribes contre les immigrés mexicains pendant la campagne, Donald Trump a ordonné la construction d'un mur le long de la frontière mexicaine, et a promis d'expulser des millions d'immigrés mexicains sans-papiers.

Des dizaines de milliers de Mexicains ont manifesté dimanche à Mexico, à Gualajara et dans d'autres villes du Mexique contre ce projet de mur.

Après son défilé à la Fashion Week dimanche, tout en couleurs discrètes, avec beaucoup de tweed, ceintures marquées et larges jupes plissées, Verdad s'est dit «très affecté par la situation politique actuelle».

C'est notamment parce que la génération des milléniaux, née juste avant les années 2000, est revenue régulièrement dans le débat pendant la campagne électorale qu'il a pensé sa collection pour de jeunes clientes, a-t-il fait valoir.

«Même si moi je n'ai pas de problème avec la loi, ça me fait mal de voir ces gens souffrir à cause de tout ce qui se passe, ca me met en colère», a indiqué le créateur.

Pourtant, malgré l'arrivée au pouvoir de Trump, Verdad se veut optimiste.

«En tant qu'artiste, on trouve quelque part de la beauté dans ce chaos».

Fier de ses racines latines, Verdad sent qu'il doit maintenant travailler «pour avoir une voix, pour être sûr que les gens comprennent qu'on est important, qu'on compte et qu'on sert à quelque chose. Pour moi, cela veut dire faire une belle collection, pour que les gens te respectent».

«Nous ne sommes pas seulement des immigrés, nous sommes des créateurs de tendance, des meneurs», a-t-il insisté.

«C'est un bon moment, pour nous latinos, pour nous faire entendre dans le monde de la mode», a-t-il ajouté.

À part Verdad, d'autres créateurs latinos sont présents à cette Semaine de la mode, comme le Cubain Narciso Rodríguez, la Chilienne María Cornejo, le Colombien Edwing D'Angelo ou le Dominicain Fernando Rodríguez, cofondateur de Monse et co-directeur créatif chez Oscar de la Renta, avec son épouse coréenne Laura Kim.