C'est de cet entrepôt discret dans le Vexin (Val-d'Oise) que, depuis onze ans, sortent au compte-goutte les «BRM»: des montres de luxe entièrement fabriquées en France que l'horloger se vante d'avoir vues au poignet de la moitié des participants du dernier G20.

Creusant le sillon du sur-mesure, de la rareté et du sport mécanique, Bernard Richards Manufacture (BRM), fondé en 2003, s'est vite fait une petite place dans l'ombre des anciens de l'horlogerie de luxe, comme Rollex, Patek Philippe ou Tag Heuer.

Comme chaque année, il côtoie les cadors du secteur au Baselworld, le grand rendez-vous mondial annuel de l'horlogerie, à partir de jeudi à Bâle, en Suisse.

Entre les machines réglées au 100e de millimètre, Bernard Richards, 58 ans, guide la visite de son entreprise de 21 salariés, dont sept employés à la production de ces chronographes très prisés dans les hautes sphères.

«On fabrique 2000 montres par an maximum», explique le patron. «On se bat contre des géants, ce qui ne nous empêche pas de dormir : on a une micropart du marché qui nous suffit largement pour bien vivre», assure ce fils d'horlogers et de joailliers.

Ici, les tocantes ont des aiguilles ajourées comme des volants de rallye et les gros boîtiers prennent la forme de piston ou, pour le dernier né, imitent un disque de frein en titane.

«Une clientèle très particulière»

«On a une clientèle très particulière, des gens qui vivent leur passion à 1.000% et veulent une montre qui leur ressemble, un objet unique», raconte l'ancien pilote de course amateur, toujours au bord des circuits.

Des passionnés capables de débourser de 2000 euros, pour un modèle standard, à 10 000 ou 15 000 pour les plus personnalisés. Certains sont fabriqués en matériaux rares et très légers, ou bien dotés de mécanismes antivibrations, indispensables pour être portés en course.

«Il ne faut pas uniquement aller en Suisse pour trouver de bonnes montres», affirme cet admirateur de l'industrie française, qui se réjouit de côtoyer à l'export le succès du TGV, d'Airbus ou des constructeurs automobiles hexagonaux, champions du monde de rallye ou de Formule 1.

«Le "made in France", ça fait quarante ans qu'on le défend, on n'a pas attendu un ministre pour ça», plaisante-t-il.

«On est très contents de voir qu'au dernier G20, il y avait environ 50% des gens qui avaient une BRM au bras !» se félicite aussi l'entrepreneur, qui préfère rester discret sur ses clients footballeurs ou vedettes du spectacle.

Désormais, après les poignets des puissants, ce sont leurs cheminées que vise Bernard Richards. Depuis trois ans, annonce-t-il, «on est en train de développer une pendule, et je pense qu'on sera prêt d'ici un an ou deux à la mettre sur le marché».