De moins en moins marginal, le streetwear montréalais vit une belle éclosion. De nombreux petits labels, qui ont beaucoup d'humour dans leur coup de crayon, ont émergé récemment. Qu'ils y affichent des slogans, de l'art, des chats ou une poutine, les créateurs repoussent les limites du simple t-shirt sans se prendre au sérieux. Voici quelques marques à découvrir.

À chaque jour son histoire

La marque Dailystory est arrivée en ligne tout doucement l'automne dernier. Au fur et à mesure que les feuilles tombaient et que le temps s'assombrissait, ses chandails aux slogans réconfortants ont commencé à apparaître sur les réseaux sociaux, comme une façon pour les internautes d'afficher leur humeur du jour.

Les messages imprimés sur les t-shirts de Dailystory sont comme un antidote à la grisaille : « More wine, less war », « My morning coffee », « Cottage Life »... « Ça représente un peu ton histoire de la journée, ça va avec ton humeur ou tes états d'âme », résume le cofondateur de l'entreprise, Jean-Philippe Plante. D'où le nom, « Dailystory ».

Les chandails aux tons neutres et aux coupes amples s'enfilent facilement dans la vie de tous les jours, au travail comme à la maison. « Ils se portent avec n'importe quoi, se marient avec tout », enchaîne Jean-Philippe Plante. Pour cette même raison, certains t-shirts se vendent « vierges », sans message imprimé dessus.

« Team No Bad Vibes »

L'un de leurs slogans, « Team No Bad Vibes », a fait boule de neige sur les réseaux sociaux juste avant les Fêtes.

Tombée amoureuse du message véhiculé par ce chandail, Marie-Philippe Jean, du blogue de bien-être Chic tonique, a convaincu d'autres personnalités d'embarquer dans le mouvement. Le succès a été immédiat, surtout avec le contexte difficile qui a suivi les attentats de Paris. « Dans les circonstances, les gens ont vraiment embarqué », constate l'entrepreneur.

Avant de s'associer dans cette aventure, les deux cofondateurs de Dailystory évoluaient déjà dans le domaine du vêtement : Stéphanie Dubreuil est copropriétaire de la boutique Kitsch, à Sherbrooke, alors que Jean-Philippe Plante possède l'agence De La Montagne, à Montréal.

Ils tirent leur fierté du fait que leurs chandails sont entièrement conçus et fabriqués à Montréal. Si la plupart des messages sont en anglais pour le moment - ainsi que le site -, les versions françaises s'en viennent sous peu, promet M. Plante.

PHOTO FOURNIE PAR DAILYSTORY

La marque montréalaise Dailystory a fait son apparition l'automne dernier. 

Porter les idées

« L'idée de mes chandails, c'est vraiment de porter l'art », lance d'emblée l'artiste visuelle Gabrielle Laïla Tittley.

Peintre reconnue, la pétillante jeune femme évolue dans les arts depuis une dizaine d'années. Elle pourrait donc s'y trouver à l'aise, mais elle souhaite au contraire démocratiser ce milieu un peu trop hermétique à son goût. « Je ne me suis jamais sentie très interpellée par ce monde-là, explique-t-elle en entrevue téléphonique. C'est super important pour moi que l'art soit accessible, et c'est pour ça que j'ai commencé à faire des reproductions de mes illustrations. »

Pour elle, l'essence de Pony - pour Poor One Newly Young - réside dans les idées plutôt que dans les dessins. L'artiste multiplie les clins d'oeil à la culture populaire, toujours avec une touche d'humour. Son chandail à l'inscription « Kale » surmontée d'une grosse tranche de gâteau en a d'ailleurs fait rire plus d'un. « Histoire derrière le dessin : oui, oui, on devrait tous manger sainement. MAIS on devrait aussi continuer à manger des choses qui nous rendent heureux. #comfortfoodfan », écrit Gabrielle sur son site internet.

D'ailleurs, dimanche dernier à l'émission Tout le monde en parle, la chanteuse Safia Nolin portait un chandail Pony créé spécialement pour l'occasion, à l'effigie du professeur Rogue dans Harry Potter. Une façon d'honorer la mémoire de l'acteur qui tenait ce rôle, Alan Rickman, mort à la mi-janvier. La marque Pony a aussi été aperçue dans la nouvelle série-vedette de Télé-Québec Like-moi !.

Si l'art et la culture populaire s'en mêlent, le style et le confort ont aussi leur mot à dire dans l'histoire. « Je trouvais que mes dessins se prêtaient bien à des chandails, car ça fait streetwear et très casual en même temps », conclut Gabrielle.

PHOTO FOURNIE PAR GABRIELLE LAÏLA TITTLEY

«C'est super important pour moi que l'art soit accessible, et c'est pour ça que j'ai commencé à faire des reproductions de mes illustrations», explique l'artiste Gabrielle Laïla Tittley.

Des maillots aux t-shirts

Mimi Hammer, c'est d'abord une entreprise de swimwear, mais un petit accident de parcours l'a aussi transformée en marque de streetwear. Alors qu'elle concevait à la base des maillots seulement, la fondatrice Camille Forcherio s'est mise à créer des t-shirts, pour faire plaisir à sa clientèle qui les trouvait trop irrésistibles !

Camille et son copain Joao ont démarré Mimi Hammer en 2011 ; il y a environ un an, ils ont ouvert la jolie boutique August N°916 à Saint-Lambert. Ils y vendent leurs créations, mais également d'autres morceaux choisis.

Au début, ils se concentraient sur les maillots, reconnaissables à leur taille haute et à leurs délicats motifs vintage. Et cela leur suffisait amplement. « On n'avait même pas prévu de faire des t-shirts. Ce n'était vraiment pas dans nos plans ! », lance Camille. Mais leurs plans, ils ont dû les changer le jour où ils ont publié, sur les réseaux sociaux, un t-shirt frappé du logo « C'est mimi » pour présenter la collection à venir. Contre toute attente, les gens ont adoré le chandail et se sont mis à le réclamer. « Il y a eu tellement de réactions qu'on n'a pas eu le choix de le faire. Je pense que, parfois, il faut saisir l'occasion quand on est entrepreneur », philosophe Camille.

C'est ainsi que Mimi Hammer a ajouté des t-shirts à son offre. Il y a même des gens qui ont découvert le label par les chandails, et qui ont acheté les maillots par la suite. « Ça a vraiment élargi notre clientèle », se réjouit l'entrepreneure.

Tout récemment, une situation semblable s'est produite avec le chandail Kitten Pocket, conçu au départ pour les enfants seulement. Les adultes l'ont tellement aimé que Camille a dû concevoir en vitesse une version pour les grands, ce qui n'était absolument pas prévu. « On a pris l'occasion de le faire sur le coup, on s'est organisés et on l'a mis en précommande », dit Camille. Heureusement pour elle, l'imprévu a maintenant des airs de routine !

PHOTO SARAH BABINEAU, FOURNIE PAR MIMI HAMMER

D'abord spécialisée dans les maillots, la marque Mimi Hammer s'est récemment lancée dans la production de t-shirts.

Poutine, basket et Vierge Marie

Kantine, c'est un hommage à la bouffe locale, imprimé sur des t-shirts. Culture de rue et (bonne) malbouffe se côtoient avec aisance dans les illustrations de Felipe, imprimées sur des t-shirts monochromes.

Les dessins de Kantine ne manquent ni d'humour ni de références culturelles. On y voit par exemple le joueur de basket Michael Jordan faire un panier de trois points en lançant une poutine, le rappeur 2Pac manger un trio ou la Vierge Marie tenir notre plat national entre les mains...

L'équipe planche en ce moment sur la nouvelle collection de t-shirts, chandails et casquettes. « J'ai pas mal finalisé tout ce qui est design, explique Felipe. Maintenant, on travaille sur des collaborations avec des restaurants, notamment Le chien fumant. »

Alors que Felipe se consacre au design, Oussama s'occupe de la gestion et du site web. La petite entreprise est toute jeune : elle a lancé sa première collection en mai dernier. Il faut dire que les deux fondateurs ne sont âgés que de 18 ans... Une histoire à suivre, donc !

PHOTO WILLIAM ARCAND DESGAGNÉ, FOURNIE PAR KANTINE

La marque Kantine a lancé sa première collection en mai dernier.