«Le shopping intelligent, c'est une philosophie», dit l'animatrice de télévision Laurence Bareil. Avec son livre La bible du shopping intelligent, elle souhaite nous aider à faire de meilleurs achats et nous donne des astuces pour rentabiliser notre garde-robe et conserver nos vêtements plus longtemps.

Depuis qu'elle est toute petite, Laurence Bareil est une consommatrice avertie. Son livre La bible du shopping intelligent, écrit en collaboration avec l'expert couturier Christophe Billebaud, a d'ailleurs été entièrement sociofinancé. Entrevue.

Peut-on consommer de manière plus réfléchie?

Oui. J'aime magasiner. Je suis une consommatrice avertie et je pense qu'on peut acheter mieux. La mode, c'est fait pour qu'on se sente beau et belle, mais aussi qu'on se sente bien. Les gens n'hésitent pas à découper un bon de réduction à l'épicerie pour économiser 0,50$, mais vont acheter un vêtement à 60$, 80$ ou 100$ sans se poser la question «est-ce qu'il vaut vraiment ce prix-là?» Il y a des mythes à défaire entourant l'industrie du vêtement. Ce n'est pas parce qu'un morceau est cher qu'il est bien fait et que ça vaut le prix et à l'inverse, ce n'est pas parce qu'il a un prix ridicule ou abordable qu'il est mal conçu. C'est à nous, consommatrices, d'être mieux informées pour pouvoir juger. Il faut avoir une base et connaître, par exemple, le prix des matières, du coton, de la soie, du polyester ou de la laine. On peut apprendre tout en s'amusant et en ayant du plaisir en magasinant, mais en le faisant de manière plus réfléchie!

Qu'est-ce qui détermine le prix d'un vêtement?

Il y a plusieurs choses. D'une part, il y a le salaire des ouvriers qui ont fabriqué ce vêtement. Évidemment, le salaire n'est pas le même au Québec qu'au Bangladesh, en Chine ou au Mexique. Moins on paie cher, moins la personne a été bien rémunérée. Il y a aussi le nombre d'intervenants qui font partie de la chaîne du vêtement qui va modifier le prix: de la personne qui l'a créé au producteur, puis au détaillant, au manufacturier, jusqu'au consommateur qui passe à la caisse... C'est ça qui, concrètement, fait augmenter le prix d'un vêtement et c'est pour ça qu'on ne peut pas se fier à une marque connue pour juger de la qualité d'un vêtement, ni se dire que c'est cher, donc ça doit automatiquement être bien fait et de qualité.

Comme vous l'expliquez dans votre bible, il faut bien lire l'étiquette d'un vêtement, ce qu'on ne fait pas toujours...

Toutes les informations pour juger de la qualité d'un vêtement sont là, sur l'étiquette! C'est à nous de prendre 30 secondes dans la cabine d'essayage pour la lire convenablement et s'assurer que les coutures sont droites, les boutons bien cousus - on peut tirer dessus pour vérifier qu'ils ne tombent pas dans nos mains. Dans le fond, qu'est-ce qu'un vêtement? C'est un morceau de tissu avec des coutures! Si on pense comme ça, on se dit qu'on paye pour la création, pour la matière et pour la qualité du vêtement. Évidemment, il y a nos valeurs qui dictent nos choix. Est-ce qu'on encourage la production locale? Si on le souhaite, c'est bien, mais il faut s'attendre à y mettre le budget. J'aimerais pouvoir n'acheter que localement, je tente de le faire le plus souvent possible et donner un coup de pouce à notre industrie locale. Ça fait partie de mes valeurs.

Il faut faire attention aux matières, on peut s'y méprendre parfois.

Oui. On ne paye pas le même prix pour toutes les matières. Les matières synthétiques ont été inventées pour imiter les matières naturelles à moindre coût par les fabricants. On peut prendre le polyester pour de la soie alors que ce n'est pas du tout le même prix. Encore une fois, regardons l'étiquette qui donne toutes les informations nécessaires pour s'assurer de la qualité de la matière. Ça vaut le coup et ça nous permet de juger la qualité d'un vêtement. Et attention: quand on transpire beaucoup, les matières synthétiques, ce n'est pas un bon choix. On a envie, en tant que consommatrice, de faire un achat durable et de payer un prix en fonction de ses besoins. Il n'y a pas de meilleures marques ou de meilleures boutiques: il y a de mauvais choix. Par exemple, pour le coton, il y a différentes qualités sur le marché, certains sont translucides... et donc pas très résistants et durables. Les jeans pâles ont souvent été traités avec un produit chimique qui a affaibli la fibre et durera moins longtemps qu'un jean foncé.

Est-ce qu'on lave convenablement nos vêtements? Car ça aussi, c'est très important.

Oui, l'entretien des vêtements est essentiel. Même si on a investi dans un beau vêtement de qualité fait avec une matière durable dans les règles de l'art, si on ne l'entretient pas correctement, il ne durera pas. Et même si on a acheté un petit truc de moins bonne qualité pas cher du tout, raison de plus d'y faire attention! Dans les deux cas, l'entretien est la clé. Laver à l'eau froide, ça sauve des vies! Des tests ont été faits et démontrent que l'eau froide lave aussi bien que l'eau chaude. En plus, l'eau froide abîme moins les fibres et utilise moins d'énergie. Les directives de l'entretien sur l'étiquette sont toujours faites en fonction de la partie la plus délicate du vêtement. On peut avoir acheté un t-shirt en coton où il est indiqué de le laver à la main, et si on ne suit pas la consigne, on peut avoir de mauvaises surprises, même avec du coton! C'est nous-mêmes qui sommes à blâmer si on ne respecte pas les indications.

Il faut donc lire attentivement les consignes d'entretien dès l'achat du vêtement, car si on n'a pas le temps de laver à la main, il faut acheter autre chose...

On pense souvent que les fabricants se protègent en mettant des directives d'entretien beaucoup plus délicates que nécessaire, mais on se rend compte que c'est réel. Si on veut faire simple, il suffit de ne pas acheter de vêtements qui se lavent uniquement à la main ou qui ne vont que chez le nettoyeur. Quand on achète un vêtement, il y a un pacte non écrit et il faut être prêt à en prendre soin et à suivre les indications de lavage. Sinon, il est préférable de n'acheter que des vêtements qui se lavent à la machine. C'est une question de logique.

Des vêtements de qualité, il y en a partout?

Oui. On a comparé deux robes en tricot de coton et celle de chez H&M, par exemple, était très bien faite. Mon expérience a démontré que des vêtements bien faits, il y en a partout. Mais attention: dans une même boutique, tous les vêtements ne proviennent pas de la même usine de fabrication. On ne peut pas se fier au prix seulement, ni à la marque. Même avec un petit budget, il y a moyen de bien choisir ses vêtements. De la qualité, il y en a partout, il faut être très attentif et lire les étiquettes.

Et les sites de vente en ligne?

Sur la plupart des sites de vente en ligne, la composition des vêtements et les indications d'entretien sont inscrites; on a donc accès à toutes les informations. Avant d'acheter, il faut s'assurer que les retours sont faciles et gratuits. Le site de chez Simons, notamment, est très bien fait et le service à la clientèle est excellent. C'est une entreprise d'ici qu'il fait bon encourager.

Photo Maxime Girard-Tremblay, fournie par l'auteure

Pour l'animatrice Laurence Bareil, le magasinage intelligent est ni plus ni moins qu'une philosophie de vie.

Quatre règles d'or

Le prix 

La première chose qu'on doit regarder, c'est si le vêtement correspond à notre budget. Le prix doit être justifié par rapport à la qualité de la confection.

L'entretien

Il existe un pacte, une sorte de convention non écrite entre une consommatrice intelligente et son achat intelligent. Il faut respecter l'entretien recommandé sur l'étiquette pour prolonger sa durée de vie.

La confection 

On inspecte le vêtement, on le retourne à l'envers, on vérifie la matière et le pays de fabrication. On s'assure que les coutures sont droites, que les boutons sont bien cousus, on vérifie la qualité des fermetures Éclair, on lit l'étiquette.

Le confort

Même si un vêtement est beau, bien fait, a un bon prix et est facile d'entretien, s'il n'est pas confortable, on ne le portera pas et ce ne sera pas un achat intelligent. Cette règle peut faire tomber les trois premières. Il faut voir le confort comme un critère sine qua non.

À chaque morceau ses conseils

Voici les conseils de Laurence Bareil pour l'achat de quelques vêtements.

Le veston

Il peut se garder longtemps si la coupe est classique et que la confection est de qualité. Une ouverture, une fente dans le tissu, des boutons: c'est ce qui constitue un veston. On doit pouvoir l'attacher même si on ne le boutonne jamais. La doublure, souvent en polyester pour plus de résistance, aide au maintien du veston. En avoir un noir, marine ou gris de grande qualité est toujours un incontournable. Pour l'entretien, lisez l'étiquette! Ceux qui sont lavables en machine sont formidables et restent beaux.

Le maillot de bain

Peu importe le prix, un bon maillot a entre 5 et 10% de lycra, de spandex ou d'élasthanne. Il faut s'assurer que le tissu est assez épais pour ne pas laisser passer la lumière. Le chlore fait pâlir les couleurs et le sel de mer mange l'élasticité. Il faut toujours rincer son maillot et même le laisser tremper une heure ou deux. Ne pas le laver à la machine, et surtout pas à l'eau chaude. Ne jamais le mettre dans la sécheuse; le maillot doit sécher à l'air libre.

Lunettes de soleil

Choisir un verre sombre ne garantit pas que la lunette filtre bien les rayons UV. C'est le marquage UV400 ou UV100% qui nous garantit que les lunettes offrent une bonne protection. La législation nationale fait en sorte que la protection UV à 100% soit la même, qu'on achète des lunettes à 15$ ou à 300$. Il faut vérifier l'étiquette.

Le jean

Le jean foncé est plus solide et plus durable. En plus de la toile de jean, le coton apporte de la douceur. Entre 2 et 5% de lycra donneront un confort supplémentaire. Lavez votre jean à l'envers pour protéger la couleur, à l'eau froide, et évitez la sécheuse, qui le fera rapetisser. Au-delà de 150$, le prix d'un jeans fait en Asie n'est absolument pas justifié. Sachez que vous payez pour la marque.

La petite histoire du jean taille basse... 

Les fabricants ont réalisé qu'ils économiseraient 10% de leurs coûts de production en réduisant la hauteur de la taille des jeans. C'est comme ça qu'est né le jean taille basse! Il a même parfois été vendu plus cher lorsqu'il est apparu sur le marché. L'attrait de la nouveauté!

Extraits de La bible du shopping intelligent

Laurence Bareil

En collaboration avec Christophe Billebaud

29,95 $