Silhouettes épurées, palette monochromatique et absence totale de fioritures, le look simplifié gagne de plus en plus en popularité. On pourrait même dire que cette vision dépouillée est devenue un vrai culte esthétique au sein des différentes sphères de la mode. Portrait d'une tendance qui fait beaucoup d'adeptes.

«Le minimalisme se caractérise par une approche décontractée et féminine à travers des lignes simples mais extrêmement lookées», résume Caroline Belhumeur, directrice artistique et première vice-présidente du design pour Club Monaco.

Le détaillant américain, qui met de l'avant une signature visuelle toute en simplicité, a récemment emménagé dans un luxueux local épuré en plein centre-ville, marquant ainsi une nouvelle offensive canadienne.

Le look dépouillé, autrefois plutôt associé à la culture européenne, est bel et bien en train de se frayer un chemin dans le marché nord-américain. Une popularité croissante qui s'explique, d'après Caroline Belhumeur, par le désir grandissant de la femme moderne d'expérimenter avec son style sans toutefois succomber au diktat des tendances.

Mouvement artistique 

À noter que le terme «minimalisme» a été utilisé pour la première fois dans les années 50, afin de décrire un mouvement artistique et non une tendance sur les passerelles. Représenté par l'utilisation de formes simples et géométriques, ce courant est devenu un pionnier dans la vague de désencombrement qui a suivi, d'abord dans les années 60 et, ensuite, durant les années 90.

«Après l'excentricité du punk et du powersuit de 1980, le minimalisme, popularisé par Calvin Klein, est arrivé comme un vent de fraîcheur - une ardoise remise à neuf», explique Elodie Parthenay, rédactrice en chef mode au magazine Clin d'oeil.

Aujourd'hui, 25 ans plus tard, le vestiaire féminin est repris d'assaut par cette pureté sans flafla. Pourquoi? D'après Stéphanie Boridy, conseillère en magasinage personnalisé chez Holt Renfrew, cette sobriété est un reflet de la santé économique mondiale.

«L'ambiance appelle plutôt à une certaine retenue par l'intermédiaire de pièces épurées et donc, plus intemporelles», estime la conseillère chez Holt Renfrew.

Même si le dépouillement actuel est en partie le fruit d'un marché financier précaire, les créateurs réussissent à captiver leur clientèle en renouvelant constamment leur interprétation du minimalisme. De Céline à Jil Sander, la simplicité est loin d'être ennuyante.

«The Row est une maison qui maîtrise à la perfection le classicisme frugal du moment. Pour le printemps, la marque a présenté une collection teintée des années 70 - tuniques amples et robes maxi - qui illustre, à mon avis, la manière d'aborder le minimalisme pour la nouvelle saison», affirme Stéphanie Boridy.

Des lignes épurées qui évoluent, mais une simplicité qui semble être là pour rester.

La tendance sur Instagram

@dentellefleurs

Armé d'une signature simplissime, ce blogue montréalais se prête parfaitement au format imagé du réseau social. Gabrielle Lacasse, la fondatrice, parsème quotidiennement sa tapisserie de clichés aux teintes monochromatiques, allant du look mode du jour à une table gourmande photographiée lors de sa dernière escapade touristique. Ses compositions graphiques impeccables et la variété de sujets photographiés donnent envie de copier son mode de vie. À voir ses 13 000 abonnés «liker» allègrement ses photos, on n'est pas les seuls.

@thehautepursuit

Si le milieu de la mode devait élire un visage pour incarner le minimalisme, il est fort probable que Vanessa Hong serait au top. Blogueuse basée à Vancouver et Pékin, elle utilise Instagram comme tableau d'inspiration où elle colle ses plus récents looks. Vêtue d'un manteau canari dans un décor hôtelier monochromatique ou d'un ensemble totalement beige en plein coeur de Manhattan, la belle accompagne ses looks de sa coiffure désaturée coupée au carré. La simplicité a rarement été aussi captivante.

@kinfolk

Si vous ne connaissez pas ce magazine américain quadriennal, abonnez-vous immédiatement à son compte Instagram. Pour les habitués de la publication, le débit de photos vous aidera à survivre jusqu'à la sortie du prochain numéro. Coulisses d'une séance photo ou arrière-scène d'un souper secret orchestré dans un lieu caché, voici des exemples de ce qu'on peut retrouver sur ce qui ressemble plus à une galerie d'art virtuelle qu'à un simple réseau social. Avis à tous, le média trouve ses racines dans un mode de vie qui prône l'authenticité et la lenteur. Et c'est franchement contagieux.

@iamgalla

Dans le rayon des hommes, ce Californien de 23 ans, relocalisé à New York, jongle aisément avec raffinement et dépouillement. Son babillard fait office de diaporama mettant en vedette son quotidien de blogueur à succès. De sa dernière aventure en terre néerlandaise à une boîte de beignes joliment glacés (qui aurait cru qu'ils pouvaient être aussi lookés?), on assiste à tout. Sans oublier son americanwear chic et discret, parfaitement ajusté, et sa bouille charmante qui ne déplaisent certainement pas à ses quelques millions d'abonnés.

@therow

Mary-Kate et Ashley Olsen ont brisé la malédiction des enfants superstars en lançant The Row en 2006, marque mode ultra luxueuse. Leur maîtrise du simplissime a même été couronnée du prestigieux Designer of the Year Award lors de la cérémonie des CFDA en 2012. Leur compte Instagram met évidemment en vedette leurs créations, mais aussi leurs inspirations tout aussi minimalistes, puisées dans les arts visuels. À noter qu'aucun cliché des soeurs n'y figure, ce qui laisse croire que la stratégie est de faire briller la maison plutôt que ses fondatrices. Une approche sobre et de bon goût.

Photo tirée du compte Instagram Dentelles Fleurs

Photo tirée du compte Instagram The Haute Pursuit