Le patron de Swatch Group Nick Hayek a levé le voile jeudi sur ses projets de montres connectées, avec pour ambition de proposer des produits horlogers intelligents plutôt que des répliques de téléphones miniaturisés.

Après s'être longtemps montré très réservé sur les montres intelligentes, Nick Hayek s'est à son tour lancé sur ce segment, notamment avec un modèle conçu pour les amateurs de Beach Volley, la Touch Zero One, présentée fin février lors d'un événement sportif.

«Nous voulons ajouter des fonctions qui sont utiles dans une belle montre», a déclaré Nick Hayek, qui arborait fièrement ce nouveau modèle à son poignet, lors de la conférence annuelle de bilan du premier groupe horloger mondial.

La montre, qui sera vendue 135 francs suisses (l'équivalent de 126 euros), intégrera notamment des fonctions de compteurs de pas et un suivi de la consommation des calories. Elle sera lancée pour cet été, puis sera suivie d'autres modèles, dont un attendu pour les Jeux olympiques de Rio en 2016.

Nick Hayek, qui fourmille désormais de projets sur ce front, entend également s'appuyer sur les ressources du groupe pour intégrer diverses fonctionnalités aux Swatch, la marque de montres emblématiques du groupe.

Il prévoit de lancer dans les prochains mois des modèles équipés de la technologie de communication en champ proche, dite NFC (Near Field Communication), qui permettront entre autres de réaliser des paiements sans contact.

Le développement d'applications permet également d'envisager d'autres fonctions par exemple de retirer virtuellement des billets de cinéma commandés par Internet ou d'ajouter des points sur une carte de fidélité auprès de son livreur habituel de pizzas.

Pas de «téléphone pour le poignet»

La technologie pourrait également être déclinée sur des griffes de prestige, telles que la marque Omega, première montre portée sur la lune et montre de James Bond, a-t-il déclaré.

«Nous ne sommes pas en train de créer un téléphone portable pour le poignet», a-t-il cependant ajouté, insistant sur le fait qu'il entendait intégrer de la technologie dans les montres, et non proposer des produits électroniques.

«Nous sommes une société horlogère, pas de produits électroniques», a-t-il martelé.

Interrogé sur la concurrence des montres du géant technologique Apple, dont les premiers modèles arriveront en boutique fin avril, Nick Hayek a estimé que celles-ci constituaient une opportunité «fantastique» pour le groupe.

«Les gens ne portent plus de montres aux États-Unis», a-t-il pointé. «C'est en train d'ouvrir le marché. Laissons-les faire ce travail. Je les en félicite», a-t-il ajouté.

Swatch Group organisait cette année sa conférence annuelle à Corgémont, près de Bienne, au centre de la Suisse, dans les locaux de Swiss Timing, sa filiale dédiée au chronométrage des événements sportifs.

Le groupe, qui présentait à l'occasion différentes applications, permettant par exemple de mesurer la distance entre deux bateaux lors d'une régate ou l'écart entre les skieurs dans une course de ski de fond, met ainsi en valeur son expertise technologique.

Bien que connu pour son vaste portefeuille de montres, qui va des marques pour enfants Flik Flak aux griffes de prestige Breguet ou Blancpain, le groupe dispose également d'une division dédiée à l'électronique.

Celle-ci inclut notamment le fabricant de micropiles Renata ou le producteur de circuits intégrés miniaturisés à faible consommation EM Microelectronic.

Ce dernier fournit l'horlogerie, mais aussi une vaste palette de secteurs englobant les technologies médicales, les télécommunications et l'informatique. Ses produits sont intégrés aussi bien dans les dispensateurs de médicaments, les cartes sim que dans les souris pour ordinateurs.

«La Silicon Valley pour la puissance ultra basse, soit dans la mécanique, soit dans la microélectronique, se trouve au sein de l'industrie horlogère», a-t-il défendu.