Les couturiers ont rivalisé de créativité vendredi pour rendre les vêtements à la fois sublimes et confortables, au troisième jour des défilés milanais de prêt-à-porter féminin pour l'automne/hiver 2015-16.

Depuis quelques saisons, les silhouettes féminines se libèrent de tous carcans, la femme cherchant avant tout des vêtements pratiques et multifonctionnels. Une tendance vouée à s'accentuer l'hiver prochain, sans pour autant perdre en élégance.

S'affirmant toujours plus comme la nouvelle valeur sûre d'un made in Italy en plein renouvellement, Marco de Vincenzo a mis en pratique avec brio ce nouveau diktat de la mode.

En apparence, le jeune styliste utilise des formes basiques et des matières douces (jupe droite fendue, robes chemise, cabans en mouton, tuniques tricot et mini-jupes plissées). Mais dans la réalité, rien n'est laissé à l'état naturel.

Toutes les pièces sont incroyablement sophistiquées, jouant sur les effets d'optique, les constructions, les superpositions et les traitements des tissus.

Ainsi le denim est décoloré puis teint et assemblé par panneaux dans des manteaux et pantalons extra larges. Ailleurs, d'étonnants tressages dessinent des géométries variables et mouvantes dans les pull-overs et les jupes.

Veronica Etro puise quant à elle dans le savoir-faire historique de la Maison homonyme, mettant le tissu au premier plan d'une collection magique.

Toute la garde-robe se joue en effet sur la richesse et la beauté d'étoffes précieuses agencées en savants patchworks. Brocarts d'or, velours ciselés, tissus damassés, jacquards, broderies, insertions de passementerie ressuscitent la splendeur d'anciennes tapisseries retrouvées au fond d'une malle.

Rigueur chez Armani 

Assemblés comme un puzzle, ces échantillons de différentes matières, couleurs et dessins redonnent vie à de nouveaux tissus marqueterie.

Ils revivent, ondulant sur des corps sinueux, dans des manteaux, robes, tailleurs-pantalons et jupes plissées aux couleurs mordorées traversées de broderies en lurex et de paillettes.

Retour à la rigueur en revanche avec Giorgio Armani, qui propose pour sa deuxième ligne Emporio «une femme forte et autonome», qui s'affiche coiffée à la garçonne et portant avec nonchalance des vêtements d'homme et des souliers plats, le microsac et/ou maxi porte-monnaie accroché à la ceinture.

Sa garde-robe est composée essentiellement de vestes masculines longues et d'amples pantalons s'arrêtant au-dessus de la cheville.

La palette est sombre, avec des gris, des noirs et des violets illuminés par des touches de rouge rubis (écharpe, volant, boutons, sac, chaussures). Une couleur intense, qui s'empare parfois d'une fourrure, d'un manteau matelassé ou encore de robes boule.

Nonchalance et esprit relax aussi chez Blumarine, où l'élégance est avant tout naturelle et dépouillée de froufrou. Un cardigan oversize moelleux en cachemire suffit à habiller une femme esquissée avec grâce par Anna Molinari.

Jambes nues en bottes noires ou douillettes sandales fourrées, elle endosse volontiers aussi de courtes robes tricot à torsades et gros col roulé ou des vestes mi-longues à large revers nouées à la taille par une ceinture, telle une robe de chambre.

La journée de vendredi devait s'achever avec la présentation de la collection Versace. Samedi, ce sera le tour de Bottega Veneta, Ermanno Scervino, Roberto Cavalli, Antonio Marras et Jil Sander.

Photo Antonio Calanni, AP

Marco De Vincenzo