Volumes enveloppants, tricots, matières chaudes... L'hiver 2015/2016 s'annonce glacial à en juger par les collections présentées mercredi à l'ouverture de la semaine de la mode à Milan, enrichies toutefois de couleurs vives et décorations scintillantes.

Sur tous les podiums, de grands manteaux enveloppent les mannequins. Cols et capuches sont fourrés, tandis que velours et tissus masculins ont la part belle.

Chez Simona Ravizza, il menace même de neiger. La styliste spécialisée dans la fourrure clôture son défilé avec une mini collection dédiée à montagne, avec mannequins en tenue de ski. Ailleurs, les mannequins s'emmitouflent dans des capes-manteaux et longues écharpes tricotées.

Chez Alberta Ferretti, la collection est davantage tournée vers l'automne, avec des couleurs chaudes, rouille, lie de vin et or et des touches de rouge écarlate qui enflamment des ensembles noirs.

Les femmes imaginées par la styliste semblent sorties d'un conte du Moyen-Age. Tantôt princesses en robes du soir jacquard à motif tapisserie ou enrichies de broderies dorées, tantôt paysannes en chemise blanche à manches ballons et maxi-jupe en velours, tantôt chevaliers chaussant d'interminables cuissardes en daim.

Le nouveau directeur créatif de Gucci Alessandro Michele, lui aussi, ravive sa collection de quelques pièces d'un rouge vif très remarqué, comme une jupe en cuir plissée, une robe à volants ou encore un pantalon masculin assorti à un chemisier à noeud Lavallière pourpre.

Fausto Puglisi, étoile montante du made in Italy, met l'accent quant à lui sur les couleurs primaires: bleu cyan, rouge, vert émeraude... ainsi qu'un magnifique jaune poussin utilisé pour un maxi-manteau en crêpe de laine double.

«Je suis obsédé par ce type de couleurs», a expliqué le styliste en coulisse, en évoquant le «ciel turquoise» et la «lumière étincelante» de sa Sicile natale.

Il fait ainsi appel au corail rose qu'il brode sur une mini-jupe en cuir noir endossée avec un blouson couvert de médaillons et croix dorées.

Les couleurs pimpantes sont également au rendez-vous chez Stella Jean, même si cette saison, la styliste d'origine haïtienne s'éloigne de son univers exotique chaleureux pour s'inspirer des austères hauts plateaux himalayens et du monde masculin.

Pas question pour autant de renoncer à son habituelle fantaisie. Elle reprend par exemple les symboles du barbier, tels le peigne et les ciseaux, qu'elle brode ou dessine sur les vêtements en motifs récurrents. Elle détourne les traditionnels tissus pour homme, tels les tweeds et les lourds tissus en laine et les ennoblit avec toutes sortes de décorations.

Le pompon gland est partout. Il égaye une veste sous forme de grosses boules de Noël multicolores, il se transforme en collier bordant le col d'un pull, et va jusqu'à s'accrocher aux chaussettes.

On retrouve cette forme arrondie dans les volumes. Les robes sont cintrées à la taille et s'élargissent en cloche, les jupes ballon sont démesurées. Même le trench couleur camel se déforme, comme gonflé par une soudaine rafale de vent.

Photo Luca Bruno, AP

Fausto Puglisi