Hipsters et victimes de la mode se pressent à Milan pour le début samedi de la prestigieuse Milan Fashion Week, consacrée aux collections de prêt-à-porter hommes, alors qu'un vent d'optimisme souffle à nouveau sur ce secteur clé du «Made in Italy».

À peine bouclé le grand salon Pitti Uomo, qui rassemble chaque année à Florence des centaines de professionnels du costume masculin, l'attention du secteur s'est déplacée en bloc vers Milan, où les couturiers présenteront leurs créations pour la saison automne/hiver 2015-2016.

De Gucci à Prada en passant par le vénérable Armani, les plus grands noms du «Made in Italy» présenteront leurs nouvelles collections en compagnie de quelques maisons étrangères habituées des podiums milanais, dont la Britannique Vivienne Westwood.

Aiguillonnée par ses concurrentes, en premier lieu Paris, Londres (et peut-être un jour New York), la place de Milan aura à coeur de défendre sa réputation de pivot de la mode masculine et de référence en matière de bon goût dans un marché à la fois en plein essor et de plus en plus disputé.

Face à ceux qui leur reprochent un caractère un peu industriel et pas assez tourné vers l'innovation, les organisateurs ont aussi fait une place dans le calendrier officiel à de jeunes créateurs comme Andrea Pompilio, Christian Pellizari ou Julian Zigerli.

DJ Paris Hilton aux platines 

La marque DSquared2 doit pour sa part fêter dès vendredi soir ses 20 ans d'activité sous la houlette de ses fondateurs, les frères jumeaux Dean et Dan Caten.

C'est déjà à Milan qu'avait été présentée leur toute première collection en 1995, à l'aube de l'ère «métrosexuelle» -- qui a vu les hommes hétérosexuels emprunter aux homosexuels leur intérêt supposé pour la mode et les soins de soi --, tendance à laquelle ils revendiquent leur «contribution» dans une interview vendredi à Il Sole 24 Ore.

Parmi les thèmes à suivre en priorité ces prochains jours, Serge Carreira, maître de conférences à Sciences Po Paris, signale le «passage de relais» chez Jil Sander, dont le nouveau directeur créatif Rodolfo Paglialunga dévoilera samedi sa première collection, et la réorganisation chez Brioni (groupe Kering), dont l'Italien Gianluca Flore a pris la tête en octobre.

Au total, une quarantaine de défilés sont prévus, étalés sur quatre jours. Les fêtards adeptes de paillettes sont conviés à assister samedi soir à une performance de la starlette Paris Hilton, attendue aux platines dans un club branché de Milan.

Quant aux Milanais, comme à chaque nouvelle Fashion week, ils seront partagés entre l'émerveillement devant ce déferlement de créativité et de beauté et l'agacement face aux bouchons supplémentaires.

La Milan Fashion Week intervient en outre dans un contexte d'optimisme retrouvé pour la branche masculine en Italie, après une hausse du chiffre d'affaires de 1,2% en 2014, selon des chiffres diffusés cette semaine par la Fédération italienne du textile et de la mode, Sistema Moda Italia.

Cette tendance positive devrait se poursuivre en 2015 et même s'étendre au marché intérieur, très éprouvé ces dernières années par la récession.

Le secteur bénéficie à présent à la fois de la baisse de l'euro, qui favorise les exportations, en particulier vers le dynamique marché américain, et de celle du pétrole, qui restitue du pouvoir d'achat aux ménages, a noté cette semaine un responsable du salon Pitti, Gaetano Marzotto.

Il devrait en outre recevoir un coup de pouce de la part du gouvernement italien, qui a annoncé cette semaine 261 millions d'euros d'investissements pour le «Made in Italy» -- dont 36 millions pour la mode --, soit «six fois plus que la moyenne des 5 dernières années», a souligné Carlo Calenda, vice-ministre du Développement économique.

«L'idée est d'investir dans les salons, les initiatives qui ont une valeur internationale (...). Nous le ferons pour Milan et ses défilés», a-t-il promis.