Les sixties pour Carven, l'après-guerre pour Nina Ricci: des accents rétro ont marqué jeudi les collections printemps-été, au troisième jour des défilés parisiens de la Fashion week.

La femme pressée de Carven

Une fonceuse, aux cheveux plaqués en arrière par la vitesse, mais à la silhouette adoucie par des influences japonisantes et années 1960: c'est la femme «chic et cool» imaginée par Guillaume Henry pour Carven.

Elle tient son sac sous le bras, à la manière d'un casque, et peut défaire le zip de sa veste en un clin d'oeil. Des bandes structurent ses tenues, horizontales sur la poitrine, verticales le long d'une fermeture éclair, et rappellent les lignes noires et jaunes d'or du podium divisé en deux couloirs de course.

Maillots et bermudas de cycliste font partie de sa garde-robe, de même que des robes ou des vestes évasées, au-dessus du genou. Des touches python reviennent ici et là, de même que des motifs floraux japonais stylisés.

«La collection est inspirée par l'idée de vitesse. C'est comme une équipe de femmes qui font la course», explique en coulisses le créateur de 35 ans, dont l'arrivée, en 2009 chez Carven comme directeur artistique a donné un nouveau souffle à la maison parisienne. «Je voulais une femme qui va droit au but», dit encore le jeune homme, qui a travaillé chez Givenchy et Paule Ka.

Pour lui, cette collection est «un mix» de ce qui définit Carven: «Les formes des manteaux, les vestes, les matières, un mélange de sport et de baroque»... «C'est vraiment Carven, cette façon d'être chic et cool», explique-t-il en anglais.

L'actrice Marina Hands, venue avec Clotilde Hesme féliciter le créateur en coulisses, dit avoir «adoré».

«Les imprimés, une des signatures Carven, sont moins naïfs que les saisons précédentes», jugeait le spécialiste du luxe Serge Carreira, selon qui «le créateur abandonne définitivement le look 'girly' tout en restant jeune».

Photo BERTRAND GUAY, AFP

Féminité et nostalgie chez Nina Ricci

Chez Nina Ricci, le directeur artistique Peter Copping est allé puiser son inspiration dans les créations de la maison, période après-guerre.

«Des images de Paris déchiré par la guerre m'ont fait réfléchir à l'ingéniosité des Parisiennes, amenées à réinventer leur garde-robe et personnaliser leurs tenues», écrit le créateur.

Les coupes sont ajustées, de fines ceintures viennent rehausser la féminité des silhouettes. Les jupes arrivent sous le genou, elles se décomposent en panneaux verticaux qui s'ouvrent, dévoilent la jambe et aèrent la démarche. Les robes du soir, noires, sont tout en transparence, volants, dentelles et fleurs découpées.

Photo Jacques Brinon, AP