Après Londres et Milan, les défilés masculins commencent mercredi à Paris, avec toujours davantage de shows pendant cinq jours, puis viendra la haute couture, cette exception française qui continue de faire rêver dans le monde entier.

On l'imagine plus classique, voire ennuyeuse que son pendant féminin, mais la mode masculine a bien changé et les propositions se sont multipliées. «C'est de plus en plus créatif. Il y a toujours plus d'intérêt» pour les défilés masculins, souligne Didier Grumbach, président de la Fédération française de la couture.

Le traditionnel costume donne lieu à des interprétations très différentes, de la version bermuda au treillis, et le street wear est venu bousculer l'univers de l'homme.

Que vont proposer les créateurs pour le printemps et l'été prochains? La réponse sera donnée en une cinquantaine de défilés aux quatre coins de Paris, entre mercredi et dimanche, et de nombreuses présentations en show rooms. Pour ceux qui n'ont pas reçu le précieux carton d'invitation, certaines maisons retransmettent en direct leur défilé, comme Hermès, le 28 juin à 20 h.

De nouveaux noms apparaissent cette saison: le Russe Gosha Rubchinskiy, le collectif Études Studio lancé par des artistes français, la marque Andrea Crews. La luxueuse maison espagnole Loewe, dont le nouveau designer, J.W Anderson, attire tous les regards, fera une présentation.

Ca sera en revanche sans la maison John Galliano, absente cette saison. Mais les responsables de la marque, qui n'a plus de rapport avec le designer John Galliano, affirment qu'elle sera de retour la saison prochaine.

Les défilés masculins se termineront dimanche soir, avec Saint Laurent. Puis, pour la première fois, le monde de la mode fera une pause de quelques jours, au lieu d'enchaîner avec la haute couture.

Plusieurs rendez-vous jalonneront toutefois cette semaine. Le premier aura lieu au tribunal, avec le procès qui opposera le 1er juillet la marque de luxe Balenciaga et son ancien directeur artistique vedette Nicolas Ghesquière, aujourd'hui chez Louis Vuitton.

Il est accusé d'avoir tenu des propos désobligeants dans les médias contre Balenciaga, violant ainsi un contrat signé par les deux parties au moment de leur séparation à l'automne 2012.

Brodeurs, plisseurs, plumassiers

Par ailleurs, un jeune designer sera récompensé le 3 juillet du prix de l'Andam, destiné à soutenir de jeunes designers français ou travaillant en France. Parmi les sept finalistes: la Néerlandaise Iris Van Herpen et la Française Yiqing Yin, qui se sont fait connaître en défilant en haute couture.

Cette saison, toutes deux sont cependant absentes du calendrier de la couture, du 6 au 10 juillet. Mais à côté des noms illustres (Chanel, Schiaparelli, Dior...), trois nouveaux noms apparaissent: les Françaises Fred Sathal et Stéphanie Coudert ainsi que la marque franco-turque Dice Kayek.

La haute couture, cette appellation exclusivement française, désigne des vêtements réalisés sur mesure, dans des ateliers, à la main. Brodeurs, plisseurs, plumassiers y démontrent leur savoir-faire.

Mi-juin, 25 personnes travaillaient autour du couturier Julien Fournié dans son atelier du 10e arrondissement parisien. Il présentera le 8 juillet son onzième défilé.

Les robes, qui nécessitent des dizaines voire des centaines d'heure de travail, atteignent plusieurs dizaines de milliers d'euros. «Certains peuvent trouver ça indécent. Mais ça fait vivre tellement de personnes! C'est de la fabrication française, ça crée de l'emploi. On peut en être fier», raconte à l'AFP Julien Fournié.

Il vend entre 25 et 30 robes par an à des clientes venant surtout d'Arabie saoudite et de Singapour. Ce sont des jeunes filles de 18 ans à peine, des trentenaires, mais aussi des femmes plus âgées. Elles désirent «quelque chose d'exclusif, rien que pour elles», explique le couturier de 39 ans.

Mais dans cet univers luxueux, plusieurs maisons survivent difficilement. Au bout de six ans, la maison de Julien Fournié «commence à marcher». «On ne gagne pas des millions, mais on est à l'équilibre», se félicite-t-il.