À regarder le parcours de Katy St-Laurent, une certitude s'installe: cette femme d'affaires, mère de deux enfants et ancienne athlète professionnelle a une détermination d'acier. Une qualité qui lui sert depuis qu'elle a fondé son entreprise de vêtements sportifs, il y a sept ans. La Presse l'a rencontrée dans son atelier-boutique de la rue Saint-Denis.

Le sport, Katy St-Laurent a ça dans le sang. Une façon pour elle de faire sortir cette énergie immense qui circule dans ses veines. «J'ai grandi à Rimouski, dans le Bas-Saint-Laurent. Le vendredi soir, j'allais courir et je tripais. J'ai compris jeune que j'avais plus d'énergie que tout le monde!», raconte-t-elle en riant.

La natation a été son premier amour. Elle s'est entraînée durant 12 ans à ce sport, notamment au sein de l'équipe universitaire Rouge et Or durant ses études en communications à l'Université Laval. Puis, alors qu'elle travaille comme représentante pharmaceutique, elle décide de tout lâcher pour se consacrer à sa nouvelle passion: le vélo sur route.

«J'ai toujours voulu faire un sport professionnellement. J'ai commencé les courses de vélo et j'ai vu que j'avais un beau potentiel, alors j'ai tout laissé tomber et je suis partie en Europe. Le directeur de l'équipe nationale m'avait dit qu'on ne devenait pas coureur cycliste professionnel en deux ans. Mais je n'avais pas beaucoup plus de temps, car j'avais d'autres projets et que je voulais avoir des enfants avant 40 ans!» Quelques mois plus tard, déjouant les pronostics, elle devient la championne canadienne de vélo sur route et signe son contrat pro.

Cette anecdote illustre bien le caractère fonceur de Katy St-Laurent, qui fonctionne à coup d'objectifs qu'elle se fixe et de rêves qu'elle veut réaliser. C'est ce qui s'est passé avec KSL. En décidant de quitter le vélo, en 2005, elle réfléchit à ce qu'elle aimerait accomplir. Le point d'ancrage de sa démarche: inspirer les autres à aller au bout de leurs rêves.

Bien vite, l'équation se fait d'elle-même: elle décide de lancer sa gamme de vêtements sport. Un projet qui amalgame plusieurs aspects de sa personnalité. «J'ai toujours fait de la couture et créé mes vêtements. Et puis, j'ai toujours voulu avoir mon entreprise», relate-t-elle.

Du sport au design

Comme elle le souligne elle-même, Mme St-Laurent n'a pas étudié en design. Elle passe donc deux ans à faire de la recherche avant de se lancer dans l'aventure. «Je me suis promenée et j'ai posé des questions, pour comprendre comment ça fonctionnait. Je n'ai pas étudié en design, mais cela ne m'empêche pas d'avoir des idées!», lance celle qui travaille avec une patroniste et une couturière dans son atelier.

En 2007, elle lance donc sa propre marque, KSL. Pour symboliser l'ADN de son entreprise, à chaque pièce de vêtement est cousu un petit bijou KSL sur lequel figure l'inscription «Déploie tes ailes», rappelant aux femmes de ne pas abandonner leurs rêves.

«En faisant plus de sport, on a plus d'énergie pour s'accomplir. Tout part de ça!», constate celle qui dit avoir reçu beaucoup de témoignages de femmes qui lui ont dit que le bijou a fait une différence dans leur vie.

Loin de se limiter à deux collections annuelles, la designer a plutôt fait le choix de lancer plusieurs collections thématiques par année, suivant les sports et les saisons: course à pied, gym, yoga, vélo, voyage, tennis...

«Je crée beaucoup en fonction de mon sport. Si je vais courir un demi-marathon et qu'un aspect des vêtements que je porte m'énerve, je vais essayer de trouver une solution pour que ma vie soit simplifiée. Je crée selon les besoins que je détecte, de mes inspirations et de la mode, bien sûr!»

Ce qui distingue KSL? Le mariage du technique et de l'esthétique dans les vêtements. «Mes pièces n'ont pas l'air techniques, même si j'utilise des tissus qui le sont. Je n'ai jamais voulu sacrifier le côté "fashion"», dit celle qui remarque que de plus en plus de sociétés de sport prennent désormais cette tangente.

Aimant par-dessus tout les vêtements pratiques, confortables et «pas compliqués», elle s'est beaucoup fait connaître grâce à ses pièces modulables, dont sa robe Marie-Soleil, une de ses premières créations, qui demeure un de ses plus grands vendeurs. Cette dernière peut se porter jusqu'à une quarantaine de façons différentes.

Toujours plus loin

À la fin de 2008, la crise économique s'amène. En pleine production pour ses fournisseurs, Katy St-Laurent voit plusieurs commandes annulées. Alors que d'autres auraient sombré dans la déprime, elle fait un geste audacieux, en ouvrant sa propre boutique.

«Je me suis dit: je vais les vendre, moi, mes vêtements! Tout le monde avait peur de ce qui allait se passer, mais j'ai décidé de foncer. C'est la meilleure décision que j'ai jamais prise: je suis autosuffisante et très autonome.»

De toute façon, remarque-t-elle, «il faut être un peu fou pour se lancer en affaires». «J'ai une capacité à croire en moi, et je n'ai jamais eu peur de l'échec», ajoute-t-elle. Des qualités qui, pas de doute, l'amèneront certainement encore plus loin. Le rêve de KSL est loin d'être terminé!