Il y a six ans, Brandon Svarc livrait lui-même sa première commande de jeans Naked&Famous à la boutique 3 Monkeys des Cours Mont-Royal. Aujourd'hui, Naked&Famous vend plus de 50 000 jeans par année dans 37 pays du monde. De Barneys New York à Colette à Paris, Brandon Svarc, 31 ans, continue de conquérir le monde avec des jeans fièrement faits au Québec.

Le nom Naked&Famous ne vous dira peut-être rien. Sans publicité, sans agent de vente ou attaché de presse, l'entreprise connaît un succès bien réel, grâce à une chose seulement: ses jeans.

«On ne va pas mettre des dragons et plein de conneries ["shit", NDLR] sur nos jeans. Ce n'est vraiment pas notre genre de design», explique Brandon Svarc.

Dans la salle d'exposition de l'immeuble du quartier Chabanel où il nous reçoit, Svarc est entouré de jeans. Les neufs, qu'il doit bientôt présenter à New York et à Toronto. Et les usagés, exposés sur son mur, qui lui ont été donnés - parfois après des années de bons et loyaux services - par ses clients des quatre coins du monde.

Constructeur de jeans

Ses jeans, destinés en grande majorité aux hommes, ont leur style: une coupe simple, un denim japonais brut, vendu sans lavage et sans fioritures. De l'anti «bling-bling» en pied de nez aux jeans de luxe qui ont connu leurs heures de gloire dans les années 90 et 2000.

«Je me vois plus comme un constructeur de jeans ["jeans builder", NDLR] que comme un designer», poursuit Brandon Svarc.

Il a étudié en finances, mais a commencé à fabriquer et à vendre des jeans à 24 ans, au début de la crise économique. Son concept, croit-il, était au goût du jour: des jeans de qualité, faits localement, vendus à un prix très abordable.

«Le prix, pour moi, fait partie du design», dit-il.

Ses pantalons se détaillent à partir de 135$. Dans les enseignes haut de gamme où ils sont vendus - comme Holt Renfrew, au Canada -, les jeans Naked&Famous sont sans contredit les jeans les plus accessibles.

Denim fou

Parce qu'il est un «nerd» du denim, Brandon Svarc s'amuse ensuite à créer des pantalons avec des denims complètement délirants - et plus onéreux. Dans son entrepôt, il s'amuse à nous sortir un jean «scratch and snif», qui sent la framboise quand on le gratte; ou à nous montrer un jean qui réfléchit la lumière.

Sa pièce d'anthologie? Le jean qui pèse 12 lb: le modèle le plus lourd du monde, s'enorgueillit-il.

«Ce n'est pas juste lourd, c'est le plus lourd du monde, s'exclame cet avide de superlatifs. Garanti inconfortable, ou remboursé!» Quelque 200 paires de ce modèle, qui se détaille à 550$, ont trouvé preneur.

Ce ne sont pas les idées qui manquent à Brandon Svarc. Naked&Famous compte plus de 600 types de jeans.

«Si je ne suis sur Terre que pour 80 ans, autant en profiter pour faire des choses folles», explique celui qu'on suit dans les couloirs et escaliers de l'immeuble qui abrite aussi l'entreprise de vêtements de son père, Beaumarché.

Aujourd'hui, le succès du fils dépasse celui du père. Mais le textile reste une affaire de famille, et une affaire montréalaise pour Brandon Svarc, qui produit 10% de ses vêtements dans une petite usine installée au troisième étage de ses bureaux. Sept personnes travaillent à l'atelier, sur des machines qu'il a parfois trouvées lui-même au Japon.

Le reste de ses jeans et autres articles de prêt-à-porter proviennent d'usines québécoises.

«Tout est fait au Québec et je vais mourir avant que ça change» clame-t-il.

Attaché au monde du textile montréalais, Brandon Svarc espère poursuivre son expansion dans le monde, mais sans jamais renier ses racines. Selon lui, les jeans bruts, simples de Naked&Famous ne sont pas près de passer de

«Levi's existe depuis 130 ans. Ce ne sont pas les jeans bruts qui sont tendance, mais plutôt les jeans lavés et déchirés.»

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE

Les jeans Naked&Famous se détaillent à partir de 135$.