Chanel, entre passé et futur: cent ans après l'ouverture de la première boutique de Coco Chanel, Karl Lagerfeld a fait défiler de séduisantes amazones assez futuristes et très féminines, dans un décor de vieux théâtre délabré mardi au deuxième jour des collections haute couture à Paris.

Avant le défilé, le spectacle est dans la salle, chez Chanel. Après les immenses éoliennes et l'énorme globe posés au beau milieu du Grand Palais, lors de précédents défilés, Karl Lagerfeld a installé ses invités, sous la verrière une nouvelle fois, dans un théâtre abandonné peut-être victime d'un bombardement. Le plafond s'est effondré, les murs en béton sont noircis, les rideaux sont brûlés: un décor digne des meilleurs films.

Alors que des célébrités françaises, dont Virginie Ledoyen, Carole Bouquet et l'ancienne égérie de Chanel Inès de la Fressange s'installent au premier rang dans la discrétion, des vedettes asiatiques se font prendre en photo dans de superbes robes Chanel. Le tout sur un fond d'opéra. Puis Rihanna éclipse tout le monde en arrivant entourée de gardes du corps et de dizaines de photographes.

Elle est sexy en diable dès dix heures du matin, avec une grande crinière rousse, et pour seul vêtement un long gilet Chanel beige uniquement boutonné du nombril au haut de l'entrejambe.

Enfin, les rideaux s'ouvrent. Les mannequins commencent à défiler, en noir, blanc et gris surtout, devant la représentation d'une ville du futur, avec de hauts immeubles modernes. Ce pourrait être Singapour.

Ce sont des femmes séduisantes à l'allure d'amazones qui défilent. Les épaules de certaines vestes sont bien carrées, de très larges ceintures marquent la taille. Les jupes courtes sont portées avec des chaussures-bas en daim très fin, attachées avec une jarretière. Des robes se rallongent, tout en transparence pour certaines.

Une collection faite de broderies

Une mannequin est entièrement couverte d'un grand manteau hyperféminin, marine avec des brillants. Plusieurs looks scintillent d'ailleurs. «C'est de la broderie», explique Karl Lagerfeld. «Cette collection est presque entièrement brodée. Quelquefois, dans une robe, il y a trois brodeurs différents», dit le couturier. «Même ce qui ressemble à du tweed, c'est en fait de la broderie», poursuit Karl Lagerfeld.

Quant à la robe de mariée, «elle est féminine, mais aussi masculine», avec un manteau aux épaules carrées posé sur une robe raffinée en dentelle. «Des filles ont envie d'être plus masculines et d'autres plus féminines», ajoute le couturier.

À propos du décor, l'idée était «d'opposer le vieux monde et le Nouveau Monde. Chanel est l'ambassadeur du vieux monde dans le Nouveau Monde», explique-t-il. Alors que cela fait 100 ans que Gabrielle Chanel a ouvert sa première boutique, à Deauville, Chanel serait la marque de luxe la plus recherchée en Chine, selon une étude récente. «Ça prouve qu'on a bien travaillé! L'image que nous donnons correspond à quelque chose: du rêve», dit Karl Lagerfeld.

La ministre de la Culture Aurélie Filippetti faisait partie des invités, comme chez Dior, la veille. «C'était vraiment sublime», a-t-elle dit après le défilé. «La mode française, c'est un secteur créateur d'emplois, un élément moteur de l'attractivité de notre pays», souligne-t-elle auprès de l'AFP. «On peut être fier d'avoir des maisons de couture de telle qualité». Porte-t-elle des robes haute couture? «On m'a prêté de la haute couture, mais rarement. À Cannes», confie la ministre.