Fini le temps où, jugés ringards, pelotes de laine, fils et aiguilles étaient remisés au placard. Crochet, tricot et couture... font de plus en plus d'adeptes chez les jeunes femmes contentes de découvrir le plaisir du fait soi-même.

La motivation de cette nouvelle génération d'adeptes du «fais-le toi-même» vient de l'envie «de sortir de la norme et de retrouver le plaisir de créer soi-même», analyse Martine Espiet-Aoustin. En 2011, cette ex-directrice financière a ouvert à Bordeaux «Popeline», qui propose des cours de couture pour tous les âges et tous les niveaux.

Penchée sur le patron du chemisier destiné à sa fille de deux ans, France, une étudiante en médecine de 26 ans, suit attentivement les conseils d'une styliste de cet atelier de couture.

«Je n'ai jamais vraiment appris à coudre et maintenant que j'ai fini mes études, j'avais envie de faire quelque chose avec mes mains», raconte la jeune femme attirée par la couture «depuis toute petite».

C'est à force de voir des femmes qui «ne se retrouvent plus dans ce qu'il y a dans le commerce» venir demander à apprendre la couture, que Corinne Fouquet, installée à Bordeaux depuis 17 ans, s'apprête à proposer d'enseigner «ce savoir-faire» qu'elle est d'autant plus heureuse de transmettre «qu'il était en train de se perdre».

«Il y a également des femmes qui viennent, car elles n'ont pas les moyens de s'acheter les vêtements qu'elles veulent», remarque Eugénie Da Rocha. Désireuse de montrer que la couture n'est pas «une pratique ringarde et désuète», cette autodidacte de l'aiguille a fondé en 2011 l'association bordelaise Sew & Laine, un pôle de ressource dédié au textile.

Son atelier a été fréquenté en 2012 par plus de 220 personnes, essentiellement des femmes âgées de 25 à 40 ans. Elle connaît depuis janvier un vrai «boom» de fréquentation.

Cet engouement pour l'aiguille est aussi important dans le domaine du crochet et du tricot. C'est sur internet qu'il est le plus visible. Fières d'elles, des centaines de jeunes femmes postent quotidiennement des photos d'elles avec leur ouvrage sur les genoux alors que d'autres préfèrent partager leur savoir-faire sur des blogues ou des forums.

Comme les couturières, elles recherchent notamment «une identité», remarque Carole de Marne qui voit défiler dans son magasin de laine à Bordeaux plus de jeunes femmes que de retraitées.

«Transmettre des choses»

Mme Marne se félicite de compter parmi ses clientes des adolescentes qui ont appris sur internet et aiment tricoter des écharpes et des bonnets notamment.

«Elles les offrent à leurs amis, car, même si elles les paient le même prix que dans un magasin, c'est un cadeau personnalisé qui a une autre valeur», souligne la commerçante qui tient un blogue sur le tricot depuis 2010.

Parmi ses clientes, Elisabeth, une Suédoise de 35 ans, s'est mise par hasard au crochet en début d'année après avoir eu envie de se faire la même écharpe que la célèbre héroïne suédoise Fifi Brindacier.

«J'avais appris à faire du tricot à l'école et je suis allée sur internet chercher des vidéos pour apprendre la technique du crochet», raconte la trentenaire, «accro» de cette nouvelle activité qui l'occupe plusieurs heures par jour.

«Je fais ça tout en écoutant des podcasts», explique cette mère de famille. Après avoir réalisé un premier couvre-lit, elle en réalise un autre pour sa fille de 5 ans. «J'ai envie, comme ma mère l'a fait pour moi, de lui transmettre des choses que j'ai faites moi-même».

Victoire, 29 ans, maman d'Arthur, 10 mois, s'est mise au crochet après avoir acheté un premier kit sur internet. «Ils me l'ont envoyé avec un livret d'explications et j'ai complété ma formation en regardant des vidéos, mais j'ai galéré et le résultat a été décevant», regrette cette manuelle, qui a abandonné la partie.