Début du XXe siècle: avec ses robes à taille haute, le couturier français Paul Poiret libère les femmes du contraignant corset. Comme les bas de soie devaient encore tenir en place, on assiste à l'invention du porte-jarretelles, dont la fonction purement utilitaire est de tendre ceux-ci avec un système d'agrafes apposées sur une ceinture de tissu.

Le triomphe du collant, dans les années 60, rendra le porte-jarretelles désuet au quotidien. On l'envoie aux oubliettes, même si sa carrière en tant qu'objet de séduction commence à se dessiner peu à peu grâce aux vedettes sulfureuses comme Brigitte Bardot et Sophia Loren qui le portent à l'écran. Reste qu'à l'époque, celles qui ne vivent pas leur vie en cinémascope considèrent cet article de la garde-robe comme l'attirail des prostituées.

Depuis, le tiroir à dessous a subi bien des mutations. Les filles «ordinaires» osent s'offrir de la lingerie fine et coquine, sans tabou. «Les femmes ont acquis une certaine confiance en leur sexualité, ce qui les incite à choisir des modèles plus aguichants à ajouter à leurs sous-vêtements confortables», déclare Eve Grenier, présidente de la maison de lingerie C.J. Grenier.

Les pubs-chocs à forte connotation sexuelle, la chanteuse Rihanna déambulant dans le métro jarretelles rouges dépassant de son short, les défilés de Victoria's Secret diffusé sur un réseau de télé américain à heure de grande écoute... Il n'en fallait pas plus pour sortir le porte-jarretelles des boules à mites. «Alors qu'il était autrefois un produit ultra-ciblé qui se vendait principalement pour les mariages ou encore à la Saint-Valentin, on remarque depuis plusieurs mois que les porte-jarretelles se vendent comme des petits pains chauds!», souligne Mme Grenier.

Émancipation ou régression? À chacune de trancher.