Les 75 maisons de luxe françaises du Comité Colbert, dont Vuitton, Hermès ou Chanel, lancent mercredi une vaste campagne anticontrefaçon en y associant plusieurs pays d'Europe, pour lutter contre une économie souterraine devenue plus florissante que jamais grâce à internet.

Le marché mondial de la contrefaçon a explosé ces dernières années, alimenté par l'Asie qui produit 85% des articles saisis en Europe, et facilité par l'usage d'internet, où prolifèrent des sites écoulant des imitations bon marché et où les acheteurs jouissent d'un sentiment d'anonymat et d'impunité.

Pour combattre «ce fléau», le Comité Colbert va diffuser avec les douanes dans les 18 aéroports principaux de France, avant les départs en vacances d'été, 10 000 affiches et 50 000 dépliants déclinés sur le ton de l'humour, pour rappeler au quidam les risques qu'il encourt s'il achète du faux.

«Avec ce téléphone, vous pourrez toujours appeler votre avocat», lit-on au-dessus d'un portable Chanel contrefait. «Êtes-vous prêts à en découdre ?», interroge une légende surplombant une grossière copie de crocodile Lacoste. «Fausse Cartier, vrai casier...», promet une autre des sept affiches.

La France possède la loi anticontrefaçon «la plus répressive du monde», puisqu'elle fait de la simple détention de produits contrefaits un délit, souligne Elisabeth Ponsolle des Portes, déléguée générale du Comité Colbert.

Les griffes de luxe françaises, les plus en vue sur le marché mondial, sont particulièrement exposées à la contrefaçon, Louis Vuitton en tête.

Depuis sa première campagne lancée en 1995, le Comité fait une piqûre de rappel tous les deux ans. Fait nouveau, six pays européens (Italie, République tchèque, Hongrie, Slovaquie, Roumanie et Croatie) sont désormais associés à la démarche. Les affiches seront traduites et adaptées dans les langues de ces pays.

Les saisies ont doublé entre 2009 et 2010 en Europe, atteignant 103 millions d'articles et 1,1 milliard d'euros. Rien qu'en France, la contrefaçon, tous secteurs confondus, coûterait chaque année plus de 30 000 emplois et 6 milliards d'euros de manque à gagner, selon le Comité Colbert.