Velours, crocodile, fourrure, cachemire... La semaine de mode de Milan, qui s'est terminée mardi, a misé sur un retour de l'opulence et ce, malgré la crise de la dette en Europe.

Le raffinement des matières, la richesse des couleurs, l'ampleur des vêtements et l'abondance des ornements ont dominé les collections de la saison automne-hiver 2012-2013, conçus par les puissants designers réunis à Milan.

Parmi les moments forts, il y a la présentation de Dolce&Gabbana qui nous a montré un déferlement de vêtements noirs illuminés d'or. À la finale, une nuée de beautés couvertes de broderies dorées - follement baroques - a envahi la passerelle. Et que dire de Gucci qui, malgré le climat économique, a opté pour le faste de l'époque romantique en faisant cohabiter fourrure, velours miroitant, mousseline dévorée, plumes de coq, brocart et cuir. Du côté de Prada, nous avons eu droit à une explosion d'imprimés géométriques aux couleurs des années 60-70, le tout rehaussé de cristaux et de cabochons brodés. Même envie d'ornementation chez Marni où les cols en fourrure des manteaux étaient magnifiquement piqués de bijoux. Le summum de l'élégance a été atteint chez Jil Sander avec des teintes poudrées et des silhouettes à la fois fluides et nettes. Un luxe extrême, d'une grande pureté, sans clinquant. Que du ravissement. Voici Milan en sept tendances, rumeurs et impressions.

Moment émouvant

Le dernier défilé de Raf Simons pour Jil Sander fut unanimement acclamé. Dans une salle immaculée dotée de bouquets posés sous des cubes transparents, des femmes-fleurs ont défilé. Les mannequins - peau de porcelaine, lèvres roses, queue de cheval impeccable - ont présenté des vêtements déclinés dans des teintes fragiles, allant du beige fond de teint au rose blush en passant par le gris pâle et le brun-tabac. Conçue dans un esprit ultracontemporain, cette collection évoquait l'époque de la haute couture, avec de grandes jupes amples, des pantalons masculins à taille haute et des manteaux souples (en cachemire double face sans boutons). Émouvante, la fin de ce défilé a été marquée par un rappel. Lors de sa seconde apparition, Raf Simons a salué l'assistance les yeux rougis par les larmes.

À l'heure des rumeurs

Une vague de rumeurs sur Twitter a précédé le défilé de Jil Sander, concernant le départ de Raf Simons de la société, où il était arrivé en 2005. Jil Sander, la créatrice allemande au style minimaliste qui a fondé la griffe, a finalement confirmé son retour aux commandes de la maison. Les adeptes de twitters et de mode se demandent toutefois ce qu'il adviendra de Raf Simons? Autre question qui agite la sphère mode: qui remplacera Stefano Pilati depuis l'annonce de son départ comme directeur de création chez Yves Saint Laurent? Hedi Slimane?

Une paire de claques?

Les chaussures de l'hiver prochain, selon Miuccia Prada, seront munies de... claques! En effet, la créatrice revisite le couvre-chaussure de caoutchouc et le décline en plusieurs couleurs pour les chaussures plates ou à talon vertigineux.

Idoles instantanées

Les photographes de rue se multiplient à un tel rythme aux «Fashion Weeks» qu'ils en viennent à photographier tout ce qui bouge à l'entrée des salles où se tiennent les défilés. Dans la foulée, ce phénomène a fait naître une nouvelle génération d'invités: ceux qui s'habillent d'une manière hyper stylisée (ou clownesque, ça dépend) afin de se faire immortaliser et, ainsi, prendre la vedette dans les innombrables blogues de mode.

Regard noir

Paupières peintes en noir, sourcils estompés, frange courte (mi-front) et attitude gothique... Au défilé Versace, les mannequins qui affichent normalement un visage d'ange avaient plutôt l'allure de Rooney Mara, dans le film The Girl with the Dragon Tattoo. Le regard des top-modèles du défilé Prada était tout aussi noir, mais leurs sourcils avaient été colorés (teinte orangée). Bref, une tendance saisissante, voire effrayante qui n'a pas son pareil pour durcir les traits. À adopter avec prudence. À moins de courir les fêtes «rave».

Masculin-féminin

Les allusions au tailleur masculin comptent parmi les grands courants de l'automne. Chez Prada, par exemple, les pantalons à la cheville accompagnés d'une veste, manteau ou queue-de-pie étaient omniprésents. Du côté de la maison Emilio Pucci, son directeur artistique Peter Dundas a remis le smoking et les bottes en cuir (hautes) à l'honneur. Au défilé Gucci, les mannequins ont arpenté la passerelle en bottes cavalières.

Cape... sur l'hiver

La cape a fait fureur sur les podiums en version ornementée (chez Dolce&Gabbana) ou ceinturée (chez Marni). Sinon, cabans et manteaux en cuir verni, effet mouillé, sont farouchement branchés.