Rad Hourani a 29 ans, et compte cinq ans d'expérience en création. Déjà à la tête de deux lignes, «Rad by Rad» son prêt-à-porter , et «Rad Hourani» sa griffe haut de gamme , il pourrait bien être le premier Canadien de l'histoire à entrer dans le club très select de la haute couture parisienne.

«Le 20 janvier dernier, lorsque j'ai rencontré la Fédération française de la couture, c'était dans le but de poser ma candidature pour... le prêt-à-porter. Je n'aurais osé imaginer qu'elle me convierait à postuler pour la haute couture, qui défilera en juillet prochain. C'est inattendu et absolument génial!» s'extasie le jeune créateur d'origine jordanienne.

«Génial», l'adjectif pourrait même paraître modéré tant le cercle de la haute couture (appellation exclusivement parisienne, édictée en 1945 et délivrée par le ministère de l'Industrie) est prisé et quasiment inaccessible. Et pour être parfaitement clair sur ce point, 12 maisons seulement, dont les célèbres Chanel, Dior, Jean Paul Gaultier, bénéficient de l'appellation «haute couture». Ce sont elles justement qui, chaque année, se réunissent et votent afin d'élire les griffes qualifiées de "membres invités", marques qui seront appelées à défiler dans le cadre restreint d'un prestigieux circuit.

Et le 20 mai prochain, Rad Hourani pourrait tout simplement entrer dans l'histoire, au titre de premier Canadien à faire partie de ce club select. Autant dire une première, et un exploit.

Mais ce n'est pas dans la poche. Pour accéder à cet Everest de la mode mondiale, il faut absolument satisfaire à des exigences ultra précises, dont voici les grandes lignes. Chacun des vêtements présentés doit être une pièce tout à fait unique dans l'univers du design, 100% originale, faite sur mesure et à la main, et conçue dans les ateliers par un créateur permanent avec un nombre minimal de personnes.

Au cours d'un défilé, 25 créations au minimum doivent être présentés. «J'ai un avantage certain, reprend Rad Hourani, puisque depuis mes débuts, tous les détails de mes modèles sont cousus à la main, sans jamais de surpiqûres; pas une seule!»

Une signature hors-norme

Comment expliquer l'ascension fulgurante de ce Québécois pas même âgé de 30 ans? Ce créateur hors-norme concçoit des vêtements parfaitement unisexes, indémodables, parce qu'intemporels, réversibles, modulables et transformables. Pour lui, pas question de les catégoriser par saison. Ses créations sont ainsi dénommées: collection 1, 2, 3, 4, 5, etc.

Une idée forte, novatrice et unique en son genre qui l'a fait se démarquer instantanément de ses congénères. «Désormais, je crée seulement 6 morceaux par collection, qui peuvent se moduler en 22 silhouettes.» Mais de quelle manière exactement? «Grâce à d'ingénieux jeux de fermetures éclair et de ceintures... Jamais de boutons, je déteste cela! Le tout est réalisé à l'aide de schémas presque mathématiques que j'ai mis au point sur ordinateur.» C'est ainsi que les vestes deviennent autant de robes, de jupes et même de sacs à dos!

Les pièces de chaque modèle en cuir, crêpe, denim ou satin (manches, tops et autres) sont même interchangeables en ce qui concerne les différentes matières usitées. Voilà autant de preuves d'une ingéniosité qui paraît sans bornes.

Le Montréalais, qui n'a jamais étudié la mode, se rappelle avoir présenté sa première collection en parfait autodidacte, en octobre 2007, à Paris. Avec succès, cela va sans dire. Depuis, Rad Hourani a su faire montre d'un sens de l'organisation hors du commun, un système hyper bien huilé, puisqu'il partage sa vie entre Montréal, où est installé son atelier de production (dans le Mile End), New York, où défile chaque saison sa collection de prêt-à-porter, et la capitale française, où il peut se targuer d'avoir une salle d'exposition permanente, situé dans le 20e arrondissement.

En cinq petites années, le créateur globe-trotter peut aussi déjà se targuer de vendre ses créations dans plus de 30 pays.