La soirée de lancement de la collection de Donatella de Versace pour H&M, qui sera en magasin en Amérique du Nord dès le 19 novembre prochain, a été un moment grandiose. Récit d'un spectacle unique.

De mémoire, ç'a été une opération sans précédent, ou presque. Il a eu bien sûr l'immense show au Grand Palais pour la ligne de Sonia Rykiel pour la chaîne de vêtements suédoise, en décembre 2009. Mais mardi, au Hudson Pier 57 (un ancien quai reconverti en lieu super branché), nous avons vécu un moment dément et aux frontières de la réalité: celui du lancement d'un autre temps, à l'image de cette nouvelle collection fastueuse, riche et colorée, du pur Versace emblématique des années 90.

«Un véritable remède antimorosité à la déprime économique ambiante», dit Margareta Van den Bosch, directrice de la création chez H&M.

Ce mardi, donc, tout ce que le petit monde de la mode compte de célébrités était présent: des rédactrices venues des quatre coins du monde, Japon, Chine, Russie, Europe et, bien entendu, Canada. On dénombrait parmi les photographes les plus influents du moment, de l'indéboulonnable Bruce Weber au très sulfureux Tery Richardson, sans oublier, et ce serait un crime de lèse-majesté, les VIP venus nombreux et très lookés (en Versace, bien sûr!).

Uma Thurman au premier chef, sculpturale et dominant la foule d'une bonne tête, Jessica Alba à la beauté ambrée, la très «gossip girl» Blake Lively, la réalisatrice Sofia Coppola habillée en Marc Jacobs (son meilleur ami), l'actrice Selma Blair, Linda Evangelista... C'est d'ailleurs aux côtés de la mannequin vedette que nous avons pénétré les lieux, totalement «versacéisés», avec partout les imprimés fétiches de la maison italienne: les fameux palmiers et motifs panthère sous des lambris dorés - il a d'ailleurs fallu pas moins de 10 jours pour camper le décor.

À quelques minutes du défilé, Nicki Minaj, la célèbre rappeuse toute de Versace vêtue, et coiffée d'une perruque blonde surdimensionnée - en l'honneur évidemment de la créatrice italo-américaine péroxydée -, fait irruption escortée de molosses. Puis, c'est au tour de Prince armé de ses lunettes noires, mini gabarit, mais charisme maximal, de traverser l'assemblée, avant de prendre place aux premières loges, annonçant le début du défilé et confirmant les rumeurs qui circulaient depuis quelques jours sur l'éventualité d'un concert princier.

Frémissements et chucho- tements dans la salle. Soixante silhouettes plus tard (femmes et hommes), Donatella Versace, dans sa robe de cuir noir, jaillit à son tour des coulisses pour saluer pas moins de 500 invités et pousser les portes de la salle «boîte de nuit-concert», où boules à facettes disco et coupes de champagne nous attendaient, comme autant d'invitations à faire la fête jusqu'au bout de la nuit. On était emporté par toute cette grandiloquence festive.

Après le rap virulent de Nicki Minaj, Prince était là, à un bras de nous, magistral et formidablement généreux: on se pince pour y croire. Sur un Purple Rain à tordre l'âme, il a quitté la scène après deux rappels, en remerciant chaleusement la créatrice italienne, au bord de l'extase. Il y avait de quoi. On était presque à bout de souffle, mais, comme si cela ne suffisait pas, de nouvelles portes se sont ouvertes encore sur une autre salle inédite - encore une! - donnant sur le «magasin» où, béats, nous allions pouvoir acheter en avant-première quelques modèles de la collection.

Cohue et folie restent les derniers souvenirs de cette soirée littéralement... irréelle, comme une réminiscence du faste d'un autre temps.