Une question avant l'hiver: comment être chic sans contracter une pneumonie carabinée? Voici les incontournables de saison, décryptés par une styliste de renom et illustrés par trois compagnies québécoises dans le coup.

«Sans parler sac et chaussures, le manteau reste le vêtement qui détermine le look! Il est d'ailleurs par définition l'enveloppe qui va nous préserver des grands froids. Double fonction qui, sous nos latitudes, prend de vraies dimensions fonctionnelles», analyse Elisa Dahan, codesigner de la griffe montréalaise Mackage (aux côtés d'Eran Elfassy). Le tandem s'est donné comme défi depuis ses tout débuts, en 1999, de parvenir à conjuguer le chaud et et le sexy. Jamais très évident. Au Canada, les hivers s'éternisant de nombreux mois, il serait fou de négliger l'un des deux aspects constituant cette équation délicate à résoudre, au risque de tomber dans l'écueil doudoune au look bonhomme Michelin, pas franchement des plus glamour. Ou de devoir se faire porter pâle dès lors le mercure plonge sous zéro. Mais avant de passer en revue les modèles de trois compagnies québécoises, c'est-à-dire Mackage, Rudsak et m0851, pointons les incontournables repérés lors des défilés automne-hiver 2011.

Les tendances

«En premier lieu, question tendances, je dirai le très long manteau qui vient lécher l'extrémité de nos chaussures, lance la styliste Azamit. En deuxième position vient le mélange des matières, l'une des grandes nouveautés saisonnières, comme en témoignent ces touches de fourrure, pour ne pas dire ces empiècements, faisant office de manches, de cols ou de poignets, lorsque le corps du vêtement est en laine. Et puis, troisième lieu: les modèles dits ligne A; autrement formulé: près du corps. Sans oublier d'évidence l'un des succès de l'automne, la cape. Même si elle ne constitue pas un «véritable manteau d'hiver», elle est parfaitement sexy!»

Les sources d'inspiration sont puisées dans la mode des années 50, 60 et 70. Le meilleur de ces décennies a su donner naissance à des silhouettes ajustées, tout droit sorties de la série américaine Mad Men. Ces réincarnations de silhouettes à la Jackie Kennedy cohabitent avec des courants qui peuvent apparaître totalement contradictoires - ainsi vogue la mode! - tels ces modèles «biker». Il s'agit de courts manteaux à la dégaine rock, inspirés par le film Easy Rider de Dennis Hopper, généralement agrémentés de touches de fourrure.

«Au top, il y a également ces manteaux (encore une fois) ajustés, affichant un double boutonnage et ceinturés à la taille, pour une allure presque militaire, mais tout en dessinant dans le même mouvement de jolies silhouettes très féminines. Carrément à l'opposé, il y a la tendance parka, sorte d'hybride entre doudoune et style cocon», ajoute Azamit

Au rayon «couleurs», il vous faudra monter d'un cran et oser, attention les yeux: violet, aubergine, prune, autant d'options chics à l'indémodable noir; quant aux «camel», ils appartiennent au passé.

À noter également: peu d'imprimés, le retour des empiècements de fourrure vus partout, et des franges qui définissent le style «gipsy». En résumé et en vrac: esprit Mad Men, look «biker», coupes à l'allure militaires ou bohémiennes flottent dans des collections particulièrement riches en fourrure, empiècements et contrastes. De quoi se réjouir!

Mackage

> Cols de fourrure, coupes ajustées et autres mélanges de matières.

Aux manettes de la création de Mackage: Élisa Dahan et Eran Elfassy, qui se voient comme «le sel et le poivre, indissociables à un bon assaisonnement». Métaphore culinaire d'une grande acuité, griffant l'esprit de leur production. Pour ce cru hivernal, parfaitement dans le vent et dans la droite lignée des saisons précédentes, les manteaux près du corps agrémentés de doubles cols ou de capuches enrichies de fourrure sont à l'honneur. Autre grand courant, la peau retournée se retrouve ci et là par petites touches (bas de manches, cols), lorsqu'elle ne constitue pas intégralement un blouson. Sans oublier les doudounes mariant duvet (composés de 90% de duvet et de 10% de plumes de canard) et peau retournée. Ni une, ni deux, voilà assurément l'ère des mélanges de matières.

Rudsak

> Look «biker» aux matières diverses

Pour Erik Gaudreault, directeur marketing de la société québécoise fondée en 1994, «cette saison, l'inspiration biker domine la collection, comme en témoignent les nombreuses vestes courtes et blousons, en cuir ou façon doudoune, avec leurs immenses capuches ornées de fourrure ou d'empiècements de cuir. Côté manteaux, les modèles féminins parfaitement ajustés flirtent avec les genoux et affichent (vous l'aurez compris, c'est l'un des musts de la saison), cols de fourrure, empiècements ou détails de cuir, marques de commerce de la griffe depuis ses origines. On ne change pas une recette qui gagne, pile en plein dans le coeur des cibles saisonnières.

M0851

> Le double boutonnage dans un esprit «militaire»

«Nous existons depuis 1987 et nous avons établi notre renommée grâce aux divers modèles de sacs, alors que les manteaux sont légion!» lance Faye Mamarbachi, fille du fondateur et directrice marketing de m0851. Chez m0851, donc, on a repéré cabans, manteaux à double boutonnage, blousons de cuir doublé, mais aussi ces doudounes en coton enduit, en doublure de laine, ou en thermolite, parfaitement isolants avec une touche de fourrure, sur la capuche seulement.