Dominé par le spectacle Chanel au Grand Palais, le huitième jour de la Semaine de mode de Paris a fait un peu de place à la première collection Paco Rabanne depuis cinq ans et à l'humour de Jean-Charles de Castelbajac:

CHANEL IRISE - Dans un décor blanc de fond marin, Chanel a présenté une collection fraîche aux couleurs claires pour l'été prochain, dans des tissus mystérieux, souvent irisés. Les perles sont partout: elles migrent du tour de cou pour s'aligner le long de la nuque et même de la colonne sur quelques robes dos nu, et parsèment les coiffures des modèles.

«J'ai surtout évité les sirènes, ça n'existe pas! J'ai été inspiré par la légèreté des algues et certaines formes de poisson», explique en coulisse Karl Lagerfeld. Les matières du XXIe siècle, «polyester, de fibre de verre, de nouveaux nylons, tout ça retravaillé avec du papier», pèsent «trois grammes», s'émerveille-t-il.

Vestes courtes, manches au coude, les matières scintillent, du crème au rose poudré. Quelques étroits pantalons et mini-shorts s'associent à des vestes militaires. L'allure est sage, jupes au genou et peu de décolletés. Pour le soir, seulement trois robes longues parce que «ça suffit», décrète Karl. «Pour les tapis rouges, je peux vous donner des adresses», plaisante-t-il.

PYTHON ARGENTÉ - Arrivée spectaculaire sur un escalier roulant dans une semi-pénombre, cette première robe en marqueterie de python argenté évoque immédiatement la robe iconique du fondateur de la marque Paco Rabanne dans les années 1960, toute en aluminium. Le python apporte souplesse et douceur. Plusieurs tenues créées par le styliste indien Manish Arora, notamment ces robes aux épaules et aux hanches exagérées, rappellent aussi immanquablement Thierry Mugler.

Un imprimé bleu et noir se décline sur des mini-robes, dont une recouverte d'un entremêlement de serpents argentés sur les épaules. Un pantalon cigarette, en python toujours, se distingue au milieu d'ensembles brodés de paillettes très serrées, formant des vagues argentées.

D'autres modèles présentent des broderies de verre hérissées en 3D sur une hanche, comme du corail qui aurait décidé de se nicher là. Manish Arora dit s'être inspiré, pour cette première collection Paco Rabanne depuis 2006, des formes organiques du sculpteur britannique Anish Kapoor, en «essayant d'imaginer ce que Paco aurait fait en 2012».

Finale très applaudie: dix mannequins noirs arrivent en robes aluminium aux plissés impressionnants qui s'enroulent autour du cou ou d'une épaule.

CASTELBAJAC PRAGMATIQUE - Dans une boîte de nuit parisienne, anciennement baptisée le «Man Ray», comme l'inspiration de son défilé précédent, Jean-Charles de Castelbajac a présenté une collection moins haute en couleurs et plus commerciale.

Mixant tissus bruts, comme la toile de jute, et coupes futuristes, la collection «Rustica Galactica» décline un vestiaire pragmatique en 31 silhouettes dans une palette dominée par les noir, blanc et raffia, avec quelques «total look» émeraude ou mandarine. Tour de force pour la maison qui était en redressement judiciaire il y a moins d'un mois, avant d'être sauvée par le groupe coréen EXR. «Nous dûmes chercher les nouvelles frontières de l'espoir», dit le programme.

L'humour et la fantaisie du créateur se retrouvent quand même en filigrane, comme sur ce bustier noir aux oreilles de Mickey suggérées, les poches marquées de points d'exclamation ou d'interrogation ou encore cette bretelle en mètre de couturière.