Jean Paul Gaultier a présenté samedi soir une collection de prêt-à-porter axée sur le tatouage et les piercings, dans un cadre presque intime: sur un échafaudage monté sur scène, le public pouvait apercevoir les mannequins se changer avant qu'elles ne viennent déambuler dans la salle.

La Québécoise Charlotte Le Bon, ex-Miss Météo sur la chaine de télévision française Canal+, a joué les joyeuses présentatrices, annonçant, comme on faisait autrefois en haute couture, chaque silhouette. Elle en a profité pour livrer quelques détails sommaires sur les goûts ou les personnalités des modèles, qui ont souvent réagi dans la salle en fronçant un sourcil ou en éclatant de rire: «Le numéro un, «Belle de Jour», veste croisée à rayures tennis et short retroussé, porté par Karlie (Kloss, le top model américain) qui aime la couleur turquoise et le chocolat».

Au lieu du podium traditionnel, avec des filles «sous des spots, qui passent sans rien regarder», le couturier a voulu mettre en valeur les vêtements «avec un côté plus humain», plus ancré dans «le réel».

Il avait présenté une collection autour du tatouage en 1992, comme le rappelait l'invitation. Mais à l'époque, il était «plus ethnique, plus rebelle». Aujourd'hui, «c'est devenu presque classique, bourgeois: tout le monde a un tatouage et au moins un piercing!», plaisante-t-il en aparté.

Sur scène, l'équipe qui préparait les mannequins «n'a rien joué, c'est ce qui se passe normalement sauf qu'on a essayé de faire moins de bruit, d'habitude ça hurle beaucoup», raconte-t-il.

La collection, qui laisse une large place au blanc et au noir, mais aussi à quelques pièces aux couleurs éclatantes, revisite les classiques Gaultier: trenchs en différentes matières, du stretch au jersey, corsets en cuir, amples pantalons de marins boutonnés le long de la jambe.

«C'est du Gaultier 100%. Qu'est-ce que je sais faire de mieux ? Je reprise ce que j'ai déjà fait, mais avec un twist», s'exclame-t-il sans fausse pudeur.

Outre les cuirs, beige ou chocolat, tatoués à l'encre, et ces chemises en tulle couleur chair laissant penser, grâce à un effet trompe-l'oeil, que le tatouage est à même la peau, des pièces de piercings servent de boutons sur des robes ou chemisiers.

Jean Paul Gaultier a voulu une collection «très structurée aux coupes nettes, comme ces vestes sans manche qui deviennent une étole ou à un vêtement à draper».

Les tenues ont été baptisées de noms cocasses: «Blinis et tarama», c'est une veste trench stretch rosé et une longue jupe plissée beige, «Mimolette» un tailleur jupe plissée orange, «On m'a neigé dessus» un ensemble blanc immaculé ou encore «Ce soir, je pécho», une robe noire affriolante ajourée de dentelles.