Un fauteuil en filet de basketball, un tabouret en racket de tennis ou un sofa en voile de bateau: le sport, avec ses techniques et ses matériaux de pointe, s'est invité à la première Paris Design Week qui se tient cette semaine près de Paris.

Les designers du monde entier se tournent désormais vers les équipements sportifs pour chercher l'inspiration, séduits par la haute technologie qui préside à leur fabrication, explique à l'AFP le spécialiste des tendances François Bernard.

Ce dernier a passé un an à parcourir le monde pour rassembler des pièces inspirées du monde du sport et les exposer au salon Maison et Objet, l'un des nombreux événements de cette semaine du design.

Des toiles de voile imperméable sont cousues pour se muer en gros fauteuils de jardin gonflables; un filet de tennis est tendu sur une structure métallique pour se transformer en banc; un siège de vélo est juché sur un pôle pour servir de tabouret tandis qu'un fauteuil est moulé dans un plastique grâce à la technologie des voitures de course.

«Par définition, l'objet sportif est un objet technique et hyperfonctionnel, c'est un objet de design. Tous ces mots qu'on associe au sport, on peut les retranscrire ici: des objets résistants, qualitatifs, vraiment performants, des choses dont apparemment plus personne ne se souciait», assure François Bernard, un chasseur de tendances français.

Le fabricant de sacs à dos Eastpak adopte la tendance avec un canapé rouge à fermetures à glissière, couvert de poches, comme les sacs qui ont fait sa réputation. «Tout le monde le veut. On me demande où on peut l'acheter sur le salon», assure le tendanceur.

Rupture

Selon lui, ce phénomène marque «une rupture avec les codes esthétiques de l'époque» comme l'obsession des matériaux 100% naturels, les références aux années 50 ou 70, ou encore la tendance à privilégier les éditions limitées, pour transformer l'objet en oeuvre d'art.

«Il n'y a pas un morceau de bois - à mon avis même pas un morceau de coton dans ce que je présente. Il n'y a rien de naturel. Tout est «matériaux techniques - mais production propre», plutôt que de couper les arbres de la forêt de Bornéo pour faire des meubles en bois, vendus trois francs six sous dans tous les supermarchés de la terre», fait-il valoir.

«Ce sont des objets qui ont vocation à être produits, et pas en série limitée», insiste-t-il.

Cette nouvelle tendance semble avoir commencé à gagner l'ensemble du salon, où les tons neutres des tissus et matériaux naturels se marient de plus en plus souvent aux couleurs du synthétique, remarque Vincent Grégoire.

Ce «gourou» du design a rassemblé des dizaines d'objets jouant sur «la rencontre des extrêmes», le matériau naturel et l'industriel, les tons neutres et acidulés, le futurisme et le vintage.

Un service de table est constitué d'assiettes recollées en deux, avec une partie à décor européen, une partie à décor oriental.

Des abats-jour, des tables ou des vases viennent par paire, intriqués ou dos à dos tandis qu'un buffet affiche pour moitié un style contemporain anguleux et pour l'autre un style rétro avec pieds en forme de pattes de lion.

«On est moins dans les extrêmes des années 2000 où c'était le luxe contre la fast fashion. Aujourd'hui les gens sont à la recherche d'harmonie, de fusion, d'équilibre entre des paradoxes», résume Vincent Grégoire, un autre chasseur de tendances.