Versace s'est engagé à ne pas utiliser le sablage pour donner un aspect usé à ses jeans, une technique potentiellement mortelle pour les salariés, après une campagne de l'alliance «Clean Clothes Campaign» (CCC) a-t-on appris jeudi auprès du groupe de luxe italien et de CCC.

«Après une vérification qui a confirmé, comme déjà indiqué l'an dernier, qu'aucun fournisseur n'utilisait la technique de sablage des jeans, Versace a décidé (...) de s'unir aux leaders du secteur qui soutiennent l'élimination du sablage», a indiqué le groupe dans un communiqué.

Le soutien apporté à la campagne de CCC (littéralement Campagne Vêtements Propres), alliance d'ONG et de syndicats luttant pour l'amélioration des conditions de travail dans l'industrie textile, intervient après la signature par 1200 personnes d'une pétition demandant à Versace d'interdire tout recours à cette pratique.

«Versace interdit les «jeans tueurs» (...) À la suite de la pression exercée par plus de 1200 activistes, Versace a passé en revue ses fournisseurs et a annoncé qu'il leur serait interdit d'utiliser le sablage», s'est félicité CCC.

Le sablage consiste à projeter du sable à haute pression sur les jeans afin de leur donner un aspect usé, une technique qui a «tué des salariés» en Turquie ou au Bangladesh, selon CCC.

L'inhalation des poussières de silice dégagées durant le sablage peut en effet provoquer la silicose, une affection pulmonaire potentiellement mortelle.

Si Versace affirme n'avoir jamais utilisé cette technique, les ONG n'en sont toutefois pas si sûres.

«La première communication de Versace en novembre 2010 disait que l'éventuel sablage, s'il était prévu, était effectué par des entreprises italiennes dans le respect des normes de sécurité, ce qui nous laisse penser que Versace pouvait y recourir», déclare à l'AFP Deborah Lucchetti, coordinatrice de la campagne CCC en Italie.

«En Italie, les ateliers clandestins sont très nombreux et il est donc hautement probable que le sablage puisse être effectué sans respecter les conditions de sécurité», note-t-elle.

CCC se félicite que Versace ait pris cette décision et rejoigne ainsi Gucci, H&M ou C&A mais d'autres grands noms de la mode comme Dolce & Gabbana, Armani ou Roberto Cavalli «refusent en revanche tout contact avec nous», dénonce Deborah Lucchetti.