Ça y est. C'est fini. Out, l'hiver. Place au printemps. Du moins dans le merveilleux monde du magazine. Où nous devrions plutôt dire: place aux printemps. Car ici, le Québec se distingue légèrement. Une nuance intéressante, qui en dit long sur qui nous sommes, finalement.

Bon, il faut l'admettre, ça ne saute pas nécessairement aux yeux. Pour le regard non initié, s'entend. Mais les experts et habitués des podiums vous le confirmeront: un survol des unes des principaux magazines de mode féminine du mois d'avril de la planète le confirme. De Paris à Pékin, en passant par Barcelone et New York sans oublier Moscou, tout le monde célèbre le printemps. Et pas n'importe comment: les looks présentés en une sont tout à fait dans le ton des derniers grands défilés, paraît-il.

«Il y a un côté ultraféminin. Tout à fait dans le ton des derniers défilés de Dolce &Gabanna. Et en même temps, il y a une «vibe» années 70. C'est très représentatif de ce qu'on a vu dernièrement sur les passerelles», analyse Julia Cyboran, directrice du contenu multiplateforme du magazine Loulou, devant les Vogue, Elle et autres Bazaar du mois d'avril de la planète.

«On sent le printemps, assurément. Il y a beaucoup de blanc, de dentelle, c'est lumineux et frais», enchaîne Denis Desro, rédacteur en chef mode d'Elle Québec.

Le Vogue Chine (Scarlett Johansson par Peter Lindbergh)

Et au Québec?



Or, au Québec, les unes détonnent. Pas de blanc, encore moins de dentelle en une ce printemps, mais plutôt des couleurs pimpantes (vert pour Elle Québec et jaune soleil pour Loulou). Il faut dire que cela fait des mois qu'on nous le répète: cet été, pensez coloré (et rayé). Serions-nous en retard sur les prochaines tendances, axées davantage sur la dentelle, le blanc et les couleurs neutres? «Est-ce que la planète mode québécoise est en retard sur la planète mode du reste de la terre?» spécule, amusée, l'experte des tendances Anne Darche. «Non, je crois que ce serait un peu gros de le dire», dit-elle.

Alors qu'en est-il? C'est pourtant si simple. Pensez-y. Si, ailleurs, on a mis de l'avant les couleurs «neutres de l'été», au Québec, on a voulu avoir un impact. Pourquoi? «On a des hivers tellement durs que le printemps, c'est une délivrance! On veut de la couleur forte!» souligne Denis Desro. Et la Russie, alors?

«Au Québec, on est plus ancrés sur ce qui se passe dans la vraie vie, ajoute Julia Cyboran. En avril, qui a envie de s'habiller en dentelle?» D'où l'omniprésence de couleurs pimpantes. «Après notre hiver sombre et lourd - l'hiver a été très foncé, avec des gris ton sur ton -, la couleur, on en a besoin. Pour nous réveiller les sens...»

Mais ne vous méprenez pas, la mode du blanc et de la dentelle nous atteindra aussi. Très bientôt, d'ailleurs. Le prochain numéro d'Elle Québec nous réserve 14 pages de cette «tendance très forte». «Parce qu'en juillet, quand il va faire chaud et humide, on va tous être en blanc et en dentelle!» promet Julia Cyboran. Plus que quelques mois, quoi...