Sexy ou prudes. Érotiques ou ridicules. Qui couvrent ou découvrent. Les sous-vêtements ont suivi les modes, mais aussi l'évolution sociale et culturelle au cours des siècles. Futile, le sous-vêtement? À la lecture du coffret L'histoire des sous-vêtements, paru cet hiver chez Parkstone International, on doit bien admettre que non, le sous-vêtement n'est pas un sujet aussi léger qu'il y paraît.

Le soutien-gorge, la petite culotte ou le caleçon s'imposent avec évidence dans la garde-robe de la femme et de l'homme modernes. Pourtant, ils n'ont pas grand-chose de naturel, comme le rappellent avec justesse Shaune Cole dans L'histoire des sous-vêtements masculins ainsi que Muriel Barbier et Shazia Boucher dans L'histoire des sous-vêtements féminins.

Érotisés et publicisés jusqu'à plus soif, les sous-vêtements féminins ont souvent été perçus de façon ambivalente: ils montrent et ils cachent à la fois, ils habillent et déshabillent, ils protègent ou attisent les regards. Mais les sous-vêtements féminins n'ont pas toujours existé: pendant l'Antiquité, les musiciennes, danseuses ou esclaves étaient nues, tandis que les femmes habillées ne portaient pas de dessous. Il faudra attendre quelques siècles pour les voir apparaître.

Incontournable corset

La forme des dessous accompagne la silhouette vers laquelle la femme doit tendre. L'androgynie n'a pas attendu Twiggy ou Kate Moss pour être à la mode. Dans la Grèce et la Rome antiques, les femmes fuient les rondeurs et il faut attendre le Moyen-Âge pour que les formes retrouvent droit de cité, sous l'influence de la cour espagnole. Jusqu'au XVIIIe siècle, la poitrine idéale est généreuse, tout comme les hanches, mais la taille, elle, par contraste, est fine.

Le sous-vêtement qui rend ce contraste possible, c'est bien sûr le corset, pièce maîtresse de la garde-robe de ces dames jusque dans les années 60. À la femme androgyne des années 20 ont rapidement succédé les pin-up des années 40 et 50, des femmes corsetées arborant une poitrine d'acier grâce aux soutiens-gorges qui transforment les seins en obus. Si les années 60 voient revenir la femme androgyne, le modèle est supplanté dans les années 80, où l'on célèbre le retour de la féminité. Et, cette fois, sans corset. Comme le notent justement les auteurs, c'est le corps qui devient le corset, à coups d'exercices et de gymnastique. Un corset mental encore largement idéalisé, trois décennies plus tard.

Du bon usage du pantalon

Pour habiller les femmes, le pantalon, en dessus comme en dessous, a longtemps été l'objet de discussions enflammées. En France, les âmes les plus prudes se sont offusquées aux XVIIIe et XIXe siècles de voir le pantalon, jusque-là réservé à la gent masculine, habiller les danseuses de ballet puis, plus tard, les danseuses de cancan, qui exhibent en un grand battement leurs désormais célèbres culottes à froufrous.

Le livre L'Histoire des sous-vêtements féminins

L'homme, le slip, le caleçon et le boxeur



De façon plus surprenante, l'histoire des sous-vêtements masculins est presque aussi riche que celle des sous-vêtements féminins. Pourtant, si les sous-vêtements féminins sont érotisés dans la culture populaire, ceux des hommes ont longtemps été ridiculisés, note à juste titre Shaun Cole. Et même encore aujourd'hui: pour un ténébreux David Beckham en bobettes, combien de dérisoires Mr. Bean en slip kangourou?

Comme chez les femmes, le sous-vêtement pour hommes a été soumis au fil du temps aux pressions de la pudeur (l'invention, au XVe siècle, de la braguette s'était accompagnée de quelques récriminations), des changements sociaux et politiques. Les deux guerres mondiales ont favorisé l'apparition de sous-vêtements robustes, qui tiennent chaud. Une tendance contre-balancée dans les années 50 et 60, quand la couleur et la fantaisie sont devenues populaires.

Shaun Cole illustre avec justesse la dichotomie, classique depuis les deux dernières décennies, slip contre boxeur. Popularisé par Calvin Klein dans les années 80, le boxeur gagne en popularité auprès des plus jeunes hommes, bien qu'il soit à la garde-robe masculine ce que la jupe de mémé est à la garde-robe féminine, comme le note un auteur cité dans le livre. Ringard, peut-être, mais indémodable. Vingt ans plus tard, le boxeur continue à séduire les héritiers des métrosexuels tandis que le slip, volontiers plus fantaisiste, reste associé aux hommes gais. Le débat, qui reste toujours ouvert, prouve encore que l'histoire des dessous masculins n'a rien à envier à celle des dessous féminins.

L'histoire des sous-vêtement, publiée en deux volumes par Parkstone International, 101,95$.

Le livre L'Histoire des sous-vêtements masculins