La semaine dernière, rendez-vous est pris dans les studios de la maison Simons, à Montréal, pour assister en exclusivité à la séance photo de la prochaine campagne (femme) de Philippe Dubuc pour la fameuse chaîne québécoise, avec pour égérie... Irina Lazareanu!

Eh oui, la célèbre Irina, l'atypique bombe anatomique, l'un des mannequins vedettes les plus en vue de la planète, qui a commencé sa carrière ici, à Montréal, repérée par notre designer québécois, et dont nous vous avons retracé l'histoire dans ces mêmes colonnes. Quel incroyable parcours mené depuis huit ans! Huit années hyper prolifiques au cours desquelles Irina, de jeune mannequin faisant ses premiers essais avec le photographe Martin Rondeau à muse de Philippe Dubuc deux saisons successives (prêt-à-porter automne-hiver 2002 et printemps-été 2003 - photographiée par Martin Rondeau), est devenue une icône mondiale. Elle a flirté avec l'objectif des plus grands de ce monde, égérie de Karl Lagerfeld et des créateurs les plus en vue de la planète, en toute simplicité.

Le mot «simplicité» pourrait résumer cet instant magique au cours duquel la muse, le designer et le photographe se retrouvent, semblant fusionner comme si seulement quelques heures s'étaient écoulées. «C'est fou, on a tous tellement évolué et, en même temps, on est resté les mêmes», confie Irina, un sourire éclairant sa bouche en coeur. En vrai, sa beauté est étonnante, réelle, charismatique, réjouissante, exaltante, rock. «Irina est littéralement bluffante et inspirante, on a toutes envie de lui ressembler tant elle dégage une formidable énergie», résume très bien Marie-Claude Gravel, associée de Philippe Dubuc.

La mannequin croque énergiquement dans un sandwich, en faisant un clin d'oeil voulant dire: «Vous voyez, sur les séances photo, on mange.» Puis elle se lève, comme dans un tourbillon, pour rejoindre le plateau. Elle prend la pose, dans une veste et un pantalon d'un gris minéral, parfaitement architecturés. Son visage de porcelaine encadré par une coupe au carré floue se fait mutin, joueur, sensuel, caressé par une lumière qui épouse parfaitement chacun de ses traits. «Fais attention à tes mains», lui glisse Martin Rondeau, comme au bon vieux temps, et Irina s'exécute, à l'écoute, puis finit par se lâcher, connaissant par coeur chacune des postures qui permettront de mettre parfaitement en valeur le vêtement. C'est certainement à cela qu'on reconnaît aussi une top, c'est qu'on n'en oublie jamais le vêtement.

Justement, parlons-en de cette minicapsule de 16 silhouettes pour Simons, la deuxième du genre, qui sera en magasin à la fin du mois de mars. Un exemple de sobriété chic, à la confection impeccable et, franchement, encore plus aboutie que la précédente. «Ce sont des silhouettes aériennes, des découpes angulaires, rien n'est figé... tout est possible», indique Philippe Dubuc. Le temps d'une pause, Irina revient habillée d'une veste noire et d'un pantalon hybride, entre smoking et sarouel, l'un des succès annoncés de cette collaboration que le designer qualifie de «véritable lune de miel qui n'est pas prête de s'arrêter» - la collection de l'hiver prochain est déjà enconfection, sans parler de celle de l'été 2012 sur laquelle le créateur planche déjà.

Un petit détour du côté des portants nous permettra de voir (et toucher) des robes tuniques dont une en soie parachute bleu électrique, un t-shirt ample en jersey double face agencé à un organza de polyamide, un peu partout des contrastes de transparences et d'opacité, une veste en néoprène double face et aux coutures en bords à vif... «Ce sont des tissus très confortables, résume la top québécoise. Philippe aime les femmes et a envie qu'elles soient bien dans ses vêtements.»

On aimerait que cette parenthèse de mode absolue dure encore très longtemps, mais déjà, Irina doit s'envoler vers de nouveaux projets. Les défilés parisiens l'attendent, mais elle jouera aussi son rôle de chanteuse aux côtés de son ami Sean Lennon (fils de John et Yoko Ono) pour la fête Chanel, et de compositrice pour la trame sonore du défilé d'un autre Québécois, Rad Hourani. C'est le moment des adieux et des bises, sincères, qui claquent. Irina s'éloigne et crie: «Go Habs Go! Ah, j'avais oublié de vous dire, je suis une vraie fan du Canadien!» Alors vous serez toujours la bienvenue chez vous, Irina!