Pendant les semaines de mode de New York, de Londres et de Milan, elle a défilé pour les plus grands: Prada, D&G, Salvatore Ferragamo et autres. Avec les défilés de Paris qui s'en viennent, Anaïs Pouliot n'en finit pas de courir les castings et séances d'essayage - Chanel, Yves Saint Laurent, Balenciaga, Rick Owens, Dior ou Sonia Rykiel. Décidément, le jeune mannequin de Terrebonne promène ses jambes interminables sur les passerelles les plus en vue de la planète. Un conte de fées?

«Au départ, non, pas vraiment, lance avec humour Anaïs Pouliot. On entend souvent dire: «J'ai été repérée dans la rue, je n'ai rien eu à faire.» Eh bien, pas moi.»

Il y a 5 ans, à l'âge de 14 ans, c'est elle qui, accompagnée de son père, est allée courageusement frapper à la porte de l'agence montréalaise Folio. Au début, elle a décroché de petits contrats. Le premier? «La fille Clin d'oeil» (du magazine du même nom).

Vincent Francis, son agent, se remémore: «Anaïs a un visage très spécial, très chérubin, et franchement, dans un monde «commercial», ce n'est pas ce que les clients recherchaient. Savez-vous ce qui l'a emporté? Sa personnalité!»

À ce sujet, c'est l'unanimité. «Cette fille a une aura et un charisme hors normes, elle sait véritablement habiter les vêtements», dit Payan Tavam, de la griffe Tavan&Mitto, qui l'a choisie l'été dernier pour incarner la collection. «Elle a ce petit plus qui fait toute la différence, et ce dont sont faites les plus grandes, sans oublier une vraie intelligence» explique Yso, styliste et designer.

Charisme, certes. Mais les premières années, les quatre interminables premières années, sa carrière a fait du surplace. Jusqu'au jour où la marque Lacoste a jeté son dévolu sur cette superbe brune de 1 m78 pour défiler à sa présentation de New York. Dans l'assemblée, Russell Marsh, l'un des plus grands directeurs de casting du monde (pour Miu Miu, Prada, BCBG...) repère sa plastique hors normes, ce visage de femme-enfant, ce regard de biche, cette incroyable bouche, qui lui valent d'être surnommée «mon petit biscuit» par le directeur artistique du maquillage chez Dior. Sa carrière est enfin lancée.

Dans la ligne de mire des plus grands

«S'il y en a un qui s'intéresse à toi, tout le monde suit», analyse modestement la jeune femme. Mais «tout le monde» ne veut pas dire n'importe qui. Plus un défilé Prada ne se passe sans la Québécoise, y compris lorsque la marque de luxe italienne a défilé à Pékin, en décembre dernier. Preuve de son statut privilégié, cette anecdote qui vaut son pesant d'or: Miuccia Prada en personne lui a fait envoyer, chez elle, un sac de la griffe pour souligner ses 18 ans.

Autre signe qui ne trompe pas: Anna Wintour, directrice du Vogue américain et papesse de l'éditorial planétaire, l'a fait appeler à son hôtel à la faveur des collections parisiennes d'octobre 2010, pour passer l'une des silhouettes du designer Peter Jam.

Depuis, les séances photo ne cessent de s'enchaîner aux quatre coins du monde, sous l'objectif de l'Italien Paolo Roversi pour W, du Britannique Daniel Jackson pour le Vogue japonais, sans oublier une séance mémorable pour le magazine Purple avec Terry Richardson, sulfureux photographe américain, qui a littéralement craqué pour Anaïs. Preuve incontestable de son béguin artistique? Richardson, qui a la réputation de faire poser les mannequins dans le plus simple appareil, la rhabille: «J'étais habillée de la tête aux pieds, alors que les autres mannequins étaient... en tenue d'Ève. Il a dû voir en moi une vraie innocente», s'amuse-t-elle.

Depuis un an et demi, elle a rencontré presque tous les grands noms de la mode. On pourrait citer Oscar de la Renta («un grand monsieur»), Donatella Versace («étonnante»), Karl Lagerfeld («impressionnant!»)...

La top modèle n'en garde pas moins la tête bien vissée sur les épaules. «Ça, c'est pour la partie glamour, dit-elle, mais il y a un autre côté qui l'est moins. Enchaîner 30 défilés, c'est un truc de malade!» Son secret? Une famille soudée autour d'elle et qui la suit, au téléphone, même à l'autre bout du monde, sans oublier les conseils avisés de son papa médecin, qui ne badine pas avec l'importance d'une alimentation équilibrée.

«À 19 ans et des poussières, elle est sur les traces des mannequins vedettes canadiens Daria Werbowy ou Coco Rocha, à cette différence près qu'Anaïs est moins show mais plus mode», conclut Vincent, son agent.

Qu'en pense la principale intéressée? Elle rêve d'embrasser une carrière similaire à celle de la Brésilienne Gisele Bündchen.

À suivre. De très près.