La maison de couture française Dior a annoncé mardi qu'elle allait se séparer de son styliste John Galliano, accusé de propos antisémites et racistes, au lendemain de la diffusion d'une vidéo sur internet dans laquelle il déclare «adorer Hitler».

Malgré cette décision, le défilé Dior prévu vendredi dans le cadre de la Semaine de la mode à Paris, «pour le moment, n'est pas annulé», a précisé à l'AFP le service de presse de la maison de couture, qui avait suspendu le créateur britannique dès vendredi.

Toute l'affaire a commencé jeudi soir par une altercation entre le styliste et un couple dans un café à la mode du quartier du Marais à Paris, situé à deux pas de son domicile. Interpellé en état d'ébriété, le directeur artistique de Dior depuis quinze ans est accusé d'avoir proféré des propos racistes et antisémites.

Le lendemain, il dément ces propos et porte plainte pour diffamation. Visé par une deuxième plainte pour injures racistes samedi, il se présente lundi dans un commissariat de police pour une confrontation avec le couple et la nouvelle plaignante. Aucun témoin ne confirme les allégations. Mais cependant une vidéo accablante est diffusée sur internet par le tabloïd anglais The Sun.

Dans ces images apparemment captées par un téléphone portable, M. Galliano lance: «J'adore Hitler. (...) Des personnes comme vous seraient mortes. Vos mères, vos pères seraient tous des putains de gazés».

Selon le Sun, la scène, filmée dans le même café que l'altercation de jeudi, daterait de décembre.

«Aujourd'hui, en raison du caractère particulièrement odieux du comportement et des propos tenus par John Galliano dans une vidéo rendue publique lundi, la maison Christian Dior a décidé sa mise à pied et a engagé à son encontre une procédure de licenciement», indique la griffe dans un communiqué.

Le PDG de Dior Couture, Sidney Toledano, cité dans le communiqué, «condamne avec la plus grande fermeté les propos tenus par John Galliano en totale contradiction avec les valeurs essentielles qui ont toujours été défendues» par la maison.

À 50 ans, M. Galliano reste l'un des stylistes les plus admirés au monde pour son art de la coupe, ses mélanges savants de matières et son sens du spectacle. «À son arrivée à Paris, cela a été une révolution, il a amené une scénographie qui n'existait pas avant», souligne une source.

Mais le choc provoqué par l'affaire risque de perdurer. L'actrice américaine Natalie Portman, qui est le visage de la publicité pour un parfum Dior, s'est dite «profondément choquée et écoeurée», dans un communiqué cité par le New York Times.

«A la vue de cette vidéo, et en tant que personne fière d'être juive, je ne veux être associée d'aucune manière avec M. Galliano», a-t-elle ajouté. Dimanche, l'actrice avait déjà manifesté sa désapprobation en portant aux Oscars une robe d'une marque américaine. À Paris, un jeune créateur, qui souhaite conserver l'anonymat, estime qu'une «cure de désintoxication» s'impose pour le couturier, connu pour ses excentricités et ses excès.

Un autre, qui vit dans le même quartier que le couturier, dit qu'il ne «compte plus le nombre de fois» où il l'a vu «se prendre des caisses (s'enivrer, NDLR) et être ramené chez lui».

Outre ses déboires avec Dior, la marque «John Galliano» pour laquelle il dessine des collections de prêt-à-porter féminin et masculin est financée en partie par Dior. Le défilé de sa propre marque est prévu dimanche. La maison Christian Dior Couture appartient au milliardaire Bernard Arnault, qui contrôle le géant du luxe LVMH.