Militaires chez Moschino et Versace, nostalgiques chez Marras, princesses chez Etro, les femmes pourront varier les plaisirs cet hiver, entre sobriété et mises étincelantes, selon les collections de prêt-à-porter présentées à Milan.

Gianfranco Ferré a su interpréter ce délicat équilibre entre retour à la simplicité et désir de briller. Son défilé s'est déroulé en présence du néo-président de la griffe Ahmed Sankari et de son père Abdulkader qui, à la tête du groupe de distribution de Dubaï, Paris Group, a récemment racheté la maison.

Côté sobre, Ferré propose des robes moulantes toutes simples, des tailleurs monocouleur aux formes nettes, des jupes droites descendant sous le genou et des manteaux en laine mixée avec de la fourrure. Côté strass, il ose des robes en lamé argent ou en lurex, des habits couleur lune recouverts de paillettes-écailles ou décorés comme des armures étincelantes de cristaux.

Même effet de brillance chez Etro, mais dans des tons mordorés. Les femmes y ont des allures de princesses d'autres temps, venues de mystérieuses contrées lointaines. Enveloppées dans de longs manteaux aux teintes cuivrées ou des gilets caucasiens en mouton bouclé, il leur arrive de jeter sur l'épaule une grande écharpe tartan en mohair, comme un plaid, pour se protéger.



Photo: AFP

Une création de Etro, présentée à la Semaine de mode de Milan

Les robes en soie imprimée s'enroulent à leur taille dans de subtils drapés ou scintillent dans de surprenantes textures translucides.

Les trésors de leurs royaumes perdus émergent dans quelques pièces, comme ce manteau recouvert de pièces d'or, ces pans de tapis antiques portés en pagnes au-dessus du pantalon, ou encore ces robes fourreaux en tissu lamé aux couleurs fortes, où s'esquissent les ombres des vieilles tours et coupoles d'une ville fantôme.

On retrouve cette nostalgie chez Antonio Marras, qui a dédié le défilé à sa mère, Nannina, dont l'élégance innée l'a inspiré pour cette collection délicate aux accents rétro.

«J'ai des images très précises de ma mère en robe à fleurs à la sortie de la messe, avec son manteau en astrakan et son sac à main en crocodile. Mais j'ai surtout voulu rendre hommage à son habileté à réarranger les vêtements, en transformant par exemple une vieille veste d'homme en tailleur», confie le créateur.

Les jupes évasées ou plissées, qui se portent avec des petits tricots à manches courtes et descendent jusqu'aux mollets, laissent à peine entrevoir la couture des bas, derrière les jambes, évoquant les années 1950.



Photo: AFP

Une création de Ferré, présentée lors de la Semaine de mode de Milan.

La garde-robe est composée de frêles robes noires à roses et coquelicots rouges ou en chiffon couleur poudre, de tailleurs en laine tricotée à rayures, de marinières à combiner avec des maxi-jupes. Les pièces fortes sont constituées par vestes et manteaux entièrement recomposés à partir de vieux habits, enrichis de fourrures, plumes et autres perles.

C'est une parade militaire qu'a mise en scène pour sa part Moschino. Képi droit sur la tête, gants blancs d'officier, les mannequins endossent des vestes bleu marine croisées ou d'austères manteaux. Boutons dorés, galons et autres passementeries appliquées aux poignets surlignent ce style martial.

Le soir, cette femme de tempérament sort en frac et noeud papillon avec des costumes lamés or aux pantalons fluides retenus par une ceinture de smoking. Ce vestiaire masculin est dédramatisé, ici et là, par des accessoires féminins ironiques comme ce bibi surmonté d'une poule empaillée pour un air très «cocotte» ou ces cols tout en strass.

Esprit militaire aussi chez Versace avec manteaux à épaulettes et gros boutons galonnés serrés à la taille par un ceinturon à boucle dorée porté sur de fines bottines à lacets.

Photo: AFP

Une création de Moschino, présentée lors de la Semaine de mode de Milan.