Pour sa 23e collection, présentée lundi soir au Marché Bonsecours, Nadya Toto a créé la surprise avec des modèles très travaillés, très recherchés, nécessitant pour certains plus de trois jours de couture. On se demanderait presque où est passée la designer montréalaise qui nous avait habitués à un style romantico-minimaliste.

Cette collection, Nadya Toto déclare l'avoir longuement mûrie et souhaite, à travers elle, faire passer ce message de paix: «Fuyez ce monde qui dévore tout sur son passage et posez-vous pour réfléchir». Une piste pour mieux comprendre ce défilé qui pourrait se lire comme «une lente progression vers la lumière». Il débute avec des modèles noirs épousant la silhouette à l'image de ce tailleur-jupe aux genoux, presque austère à première vue, mais seulement à première vue. Ce serait oublier de mentionner ce travail minutieux de la laine crochetée à la main, cet effet de «mini-crinoline» terminant une veste.

«J'ai travaillé chaque détail de mes petits doigts, comme le faisait ma grand-mère italienne qui, lorsque j'étais enfant, avait un atelier de couture», dit-elle.

Nadya Toyo rend un hommage vibrant à l'héritage familial et, par la même occasion, en profite pour faire un pied de nez à la technologie, elle qui rêve, un court instant, d'un retour aux sources.

Suivent les silhouettes couleur crème, les plus réussies, les plus chic, évoquant le calme après la tempête. Une cape en mohair bouilli, presque virginale, s'impose comme l'une des pièces marquantes de cette collection. Sans oublier, ces modèles (noirs à nouveau), comme ce fourreau au décolleté vertigineux et porté au plus près du corps, qui ne pardonnera aucun excès ou encore cette magistrale robe en soie, à la traîne tout incrustée de fleurs et de fils de satin.

Tiens-donc, la mariée serait-elle en noir? Et pourquoi pas?

En somme, on retiendra de ce défilé l'incroyable travail de couture et de recherche (des coiffures, des mannequins, aux moindres finitions: plumes, ornementations, incrustations, découpes, ceinture-bijou). Or, parfois, le «trop est l'ennemi du bien» et on regrette presque, par moments, ce «minimalisme» qui avait fait la réputation de la créatrice.

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