Rondes, rectangulaires, larges ou non, sobres ou colorées, quelles sont les tendances fortes au rayon des lunettes? Tour d'horizon des propositions du moment.

«Près de 90% des modèles de montures vendues sont en plastique. Et je constate que les Québécois n'avaient jamais affirmé à ce point leur penchant pour le noir», observe Marie-Sophie Dion, propriétaire du Bar à lunettes (à Sherbrooke, Montréal et Saint-Lambert).

La sélection de lunettes de designers du Bar à lunettes est pour le moins étonnante, variée et très haut de gamme. D'emblée, on citera les marques belges Théo et Hoet, la griffe française Anne et Valentin ou l'américaine LA Eyeworks.

Mais vous ne trouverez pas de lunettes signées par des maisons de couture. «Ça, c'est le faux luxe par définition, puisqu'elles sont produites en Chine avec des matériaux de moindre qualité», explique Marie-Sophie Dion.

Avec son franc-parler, l'opticienne également créatrice de lunettes (sa collection intitulée Champagne est vendue exclusivement dans ses boutiques) a vu le marché de l'optique radicalement évoluer au cours des cinq dernières années.

«Les Québécois ont cessé de considérer les lunettes comme une orthèse qui doit ressembler à une orthèse. Franchement, il était temps!» lance-t-elle.

André Bellanger, président du Groupe Mood/Ego, importateur de marques suédoises et italiennes comme Tiger of Sweeden ou la plus couture Rye and Lye (Italie), constate de son côté que «l'on reste encore à la traîne par rapport à la France. Mais, fort heureusement, les temps changent. Ainsi, les montures vintage si prisées outre-Atlantique depuis des années commencent à avoir vraiment la coteici».

Autre virage notoire, les lunettes accèdent au statut de véritable «accessoire de mode» et on les achète désormais souvent par paires et sans jeu de mots aucun...

«Les gens veulent pouvoir alterner, troquer leur monture en fonction des heures du jour et de la nuit, et naturellement les accorder à leurs tenues vestimentaires», détaille Marie-Sophie Dion.

Revenons-en à ce qui fait le coeur de tout article de mode: les tendances. L'hiver s'annonce comme une sorte de... retour vers le futur. «Les modèles très connotés années 70 évoluent et se renouvellent. Les branches en plastique se font plus minces et plus texturisées par exemple, les cadres moins larges et les logos plus discrets.

C'est aussi l'avènement du rond et des formes plus «chat», analyse André Bellanger. Sans oublier les formes hybrides, plus géométriques (carrés remixés ou ronds tronqués), avec le «noir» au top de sa cote, ce qui n'empêchera pas le retour en force des couleurs au printemps.

Mesdames et messieurs, préparez-vous au meilleur; il faudra oser le turquoise (eh oui...), le fuchsia (carrément), le mauve et le rouge cerise, rien de moins!

Côté lunettes de soleil: les montures imposantes en plastique, très hautes, rondes ou carrées poursuivent sur leur lancée de l'été dernier. On continuera à se dissimuler derrière de larges verres fumés pour mieux se faire remarquer.

Voilà de quoi faire sourire Cynthia Woo, coordinatrice marketing pour le Canada de l'intemporelle marque autrichienne Silhouette, les fameuses lunettes sans monture, appelées «percées» dans le jargon optique.

Ici, tout est question de confort, de légèreté et d'innovation technologique. Ces lunettes, qui par essence s'effacent et se font oublier, remportent un vrai succès dans le monde. Pour preuve, plus de 8 millions de personnes portent le modèle Titan Minimal Art, dont on fête cette année le 10e anniversaire. Dernière nouveauté: les verres correcteurs teintés, allant du rose au doré en passant par le gris.

Invisibles ou imposantes, vintage revisité ou rondes? À vous de voir. Mais gardez dans votre ligne de mire la dimension «santé», parfois occultée derrière la vitrine «mode», et n'oubliez pas les traditionnels examens optiques qu'il est bon de renouveler chaque année. C'est peut-être moins «l'fun», mais tout aussi nécessaire qu'une belle monture.