Chanel a présenté mardi soir une fastueuse collection «Paris Byzance» à dominante or et noir dans les salons de la rue Cambon, pour rendre hommage aux métiers d'art de la maison, brodeurs, paruriers, bottiers ou orfèvres.

Depuis près de dix ans, la maison organise ce defilé ovni, en dehors de tout calendrier de la mode, pour célébrer le savoir-faire exceptionnel de ces artisans de l'ombre qui confèrent à la haute couture toute sa magie.

Cette fois, c'est l'impératrice Théodora, du début du VIème siècle, qui a servi de muse à son créateur Karl Lagerfeld, vivement applaudi. «C'est une ancienne artiste de cirque devenue impératrice», confie-t-il à l'AFP, comparant ce destin hors norme à celui de Coco Chanel, qui a chanté dans des cafés avant de triompher dans l'univers de la mode.

Inspirée des «vestiges de Ravenne» et de la grandeur de cette «civilisation disparue», la collection puise aussi dans d'autres univers, notamment le Londres des années 1960, souligne le couturier avec humour.

Il a choisi le cadre intimiste de la maison mère, dans un salon décoré à l'orientale avec des murs recouverts de paillettes cuivrées, des banquettes aux nombreux coussins et des tables basses ornées de mosaïques. «Tout le contraire du Grand palais», où se déroulent souvent les défilés Chanel, pour permettre au public d'observer de plus près le travail des artisans du luxe.

De nombreux vêtements, en velours, laine ou soie, sont brodés de cristaux de Bohême recouverts de tulle, «pour un effet plus discret», souligne auprès de l'AFP François Lesage, doyen des brodeurs de la couture parisienne, dont les ateliers ont été rachetés par Chanel en 2002.

Des bandeaux bijoux retiennent les chevelures gonflées au look sixties des mannequins, chaussées de sandales plates d'allure antique également brodées de pierres.

Elles portent aussi des cuissardes en daim comme des chaussettes, dont le bout évoque parfois le sabot d'une biche, sous d'épais manteaux sombres aux boutons carrés couleur cuivre. Des tailleurs jupes mordorés rivalisent avec de simples robes noires sagement décolletées dans le dos.

Sous le regard de Charlotte Casiraghi, fille de Caroline de Monaco, Vanessa Paradis ou Inès de la Fressange, des ensembles en simili tweed évoquent des mosaïques aux couleurs fondues. Des robes en soie bleu nuit ornées de motifs géométriques dorés font place à des tenues plus «mille et une nuit» recouvertes de larges colliers et de multiples ornements.

D'amples pantalons en velours, bordeaux pailleté ou velours cotelé vert, offrent une touche plus bohême quand de longs manteaux fins et rigides réchauffent de majestueuses robes du soir toutes en dentelles et transparences.