Avec ses robes de soirées glamour aux coupes impeccables, Andy Thê-Anh s'est imposé comme l'une des signatures mode les plus connues de Montréal.

Pourtant, le créateur, qui avait pignon sur rue à Montréal et à Toronto, a fermé ses trois boutiques, ne conservant qu'un point de vente destiné à la liquidation totale de ses collections.

Ces fermetures ne sont pas le résultat d'une faillite, mais plutôt de la décision de l'actionnaire majoritaire de la compagnie Andy Thê-Anh Canada, le fonds d'investissement Catsima, déçu par les résultats de l'entreprise.

Il n'a pas été possible de joindre Catsima mercredi.

«L'entreprise, pour être pérenne, doit être profitable, mais avec la crise économique, on a eu à prendre cette décision», dit le président d'Andy Thê-Anh, Étienne Lecompte. La décision de fermer boutique a été prise à la lumière des ventes pour le printemps et l'été 2011, particulièrement décevantes selon lui.

La maison Andy Thê-Anh a aussi été au coeur de quelques poursuites ces dernières années, a constaté La Presse. Parmi elles, un démêlé avec le propriétaire de son ancienne boutique, rue de la Montagne, réglé récemment à l'amiable, et un différend avec un sous-traitant, pour plusieurs centaines de milliers de dollars. Selon M. Lecompte, ces affaires sont sans rapport avec la fermeture des boutiques.

Créée en 2006, la marque Andy Thê-Anh est détenue depuis 2008 par Catsima.

Cet actionnaire a apporté beaucoup de changements: un nouveau président, une nouvelle image, une participation à la semaine de la mode de Toronto plutôt qu'à celle de Montréal, et une expansion au Canada, avec des visées sur les États-Unis et l'Europe.

Cette expansion était-elle trop rapide? C'est ce que croit Marie Saint Pierre, créatrice de mode bien établie à Montréal. «J'ai l'impression qu'ils ont pris de gros risques et que le modèle d'affaires n'était pas adéquat, dit-elle. Pour qu'une entreprise comme celle-là soit profitable, il y a beaucoup de choses à regarder et c'est important que le créateur soit au centre.»

La nouvelle, ébruitée plus tôt cette semaine par The Gazette, a créé une onde de choc dans le milieu de la mode, où le créateur né au Vietnam était tenu en haute estime. «Je lui dois mes créations les plus flyées, c'est sûr et certain», dit Mitsou Gélinas, qui cultive avec le designer une amitié née au cours de leurs années de cégep.

Andy Thê-Anh reviendra-t-il? C'est ce que croit Mitsou Gélinas. «Ce n'est pas une fin pour lui, il est très aimé du milieu, très professionnel», dit-elle. Un avis également partagé par Chantal Durivage, la coprésidente de Sensation Mode. «Il y a des difficultés communes auxquelles les créateurs et les bannières de mode font face, comme la situation économique. Mais il y a gens comme Philippe (Dubuc, qui a fait faillite avant de renaître, ndlr) qui ont su se retourner. J'espère qu'Andy va rebondir.» Dès aujourd'hui, la boutique Andy Thê-Anh des Cours Mont-Royal liquide avec de très gros rabais les collections actuelles du créateur, ce, jusqu'à épuisement des stocks.